Orazio Puglisi

Le beau ! Quoi d'autre ?

Pierre Pierlot

Pierre Pierlot, né le  à Paris et mort le  à Paris, est un hautboïste de musique classique français. Sa virtuosité, l’étendue de son répertoire et ses nombreuses collaborations musicales en font l’un des maîtres du hautbois français au XXe siècle1.

 

Biographie

Après des études musicales au Conservatoire de Valenciennes avec Gaston Longatte, Pierre Pierlot entre au conservatoire de Paris dans la classe de Louis Bleuzet et obtient en 1941 un premier prix de hautbois et de musique de chambre, dans la classe de Fernand Oubradous. Il a échappé de peu à une déportation en Allemagne. En 1949, il remporte le premier prix au concours international de Genève dont il a été plusieurs fois membre du jury ainsi que ceux de Munich et Budapest.

En 1946, de son amitié avec le flûtiste Jean-Pierre Rampal naît le Quintette à vent français avec Jacques Lancelot à la clarinetteGilbert Coursier au cor et Paul Hongne au basson. En 1951, Pierre Pierlot est cofondateur de l’Ensemble baroque de Paris avec Robert Veyron-Lacroix et Robert Gendre.

Après les Concerts Lamoureux où il crée la « Symphonie concertante » de Jacques Ibert, il entre à l’orchestre de l’Opéra-comique en 1947 jusqu’à sa fermeture en 1972, devenant hautbois solo de l’orchestre de l’Opéra national de Paris. Nommé professeur de musique de chambre en 1969 au conservatoire national supérieur de Paris, il prendra la suite en 1974 de la classe de hautbois d’Étienne Baudo jusqu’en 1986. Durant cette période 47 de ses élèves obtiennent le Premier Prix.

L’école française d’instruments à vent a toujours compté des figures emblématiques qui ont suscité des vocations bien au-delà des frontières. En plus de leur influence pédagogique, le flûtiste Jean-Pierre Rampal et le trompettiste Maurice André ont ainsi été consacrés comme des solistes à part entière. Pierre Pierlot a joué un rôle analogue pour le hautbois, même si cet instrument se prête moins que la flûte ou que la trompette à un emploi exclusivement soliste.

Né à Paris le 26 avril 1921, Pierre Pierlot passe son enfance à Avesnes-sur-Helpe, près de Valenciennes, où son père était pâtissier. Il fait ses études au Conservatoire de Valenciennes avec Gaston Longatte puis, à partir de 1936, au Conservatoire de Paris, où il obtient en 1941 un premier prix de hautbois dans la classe de Louis Bleuzet et un premier prix de musique de chambre dans celle de Fernand Oubradous. La même année, il entre à l’orchestre des Concerts Lamoureux ; en 1947, il intégrera l’orchestre de l’Opéra-Comique. Il commence à jouer en soliste et se passionne pour la musique de chambre. En 1945, il fonde – avec Jean-Pierre Rampal, le clarinettiste Jacques Lancelot, le corniste M. Manem et le bassoniste Maurice Allard – le Quintette à vent français, une formation qui s’inscrit dans la longue tradition de la musique de chambre française pour instruments à vent. Le quintette fonctionnera jusqu’en 1968, avec, à partir de 1948, Gilbert Coursier et Paul Hongne, respectivement au cor et au basson, et Maxence Larrieu à la flûte à partir de 1965. De nombreux compositeurs vont écrire pour le quintette : Jean-Michel Damase, Georges Migot, Pierre Wissmer, Claude Arrieu

En 1949, Pierre Pierlot remporte le premier prix au Concours international de Genève. Il participe en 1952 à la fondation de l’Ensemble baroque de Paris avec Jean-Pierre Rampal (flûte), Robert Veyron-Lacroix (clavecin), Robert Gendre (violon) et Paul Hongne (basson). Avant l’apparition des formations jouant sur instruments d’époque, cet ensemble devient l’un des principaux artisans du renouveau de la musique baroque en France au milieu du xxe siècle. Grâce au noyau de musiciens qui le composent, de nombreux compositeurs du xviiie siècle sortent de l’oubli : Joseph Bodin de Boismortier, François Devienne, Ignace Joseph Pleyel, François-Joseph Gossec, Carl Stamitz, Michel Corrette, Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville… Leurs enregistrements (principalement sous le label La Boîte à musique) remportent plusieurs grands prix du disque. C’est l’époque où le même groupe de musiciens commence à enregistrer chez Erato, travaillant avec Jean-François Paillard ou avec Karl Ristenpart selon les répertoires. Pierre Pierlot signe ses premiers disques en soliste : il enregistrera notamment quatre fois le Concerto pour hautbois K 314 de Mozart. En 1972, à la fermeture de l’Opéra-Comique, il devient hautbois solo à l’Opéra de Paris. Professeur de musique de chambre au Conservatoire national supérieur de Paris dès 1969, il succède à Étienne Baudo comme titulaire de la classe de hautbois (1973-1986). Il s’affirme comme un véritable chef d’école. Il enseigne également à l’Académie internationale d’été de Nice, au Mozarteum de Salzbourg, à l’Académie de Tōkyō. Parmi les hautboïstes qui ont travaillé avec lui (certains avant même sa nomination au Conservatoire) figurent Heinz Holliger, Michel Benet, Jean-Louis Capezzali, David Walter ou François Leleux. En 1985, il remplace Robert Casier au sein du Quintette à vent de Paris, mais met fin à sa carrière un an plus tard. Il meurt à Paris le 9 janvier 2007.

Sans posséder le charisme d’un Rampal ou d’un Maurice André, Pierre Pierlot a joué un rôle aussi important qu’eux pour le hautbois. Il a fait écrire ou a créé des œuvres de Jacques Ibert .

 
 
 

Doté d’une virtuosité qui deviendra vite légendaire2, Pierre Pierlot va rapidement retenir l’attention de Michel Garcin, directeur artistique de la maison Erato. Avec ce label, il participera à plus de 200 enregistrements en tant que concertiste, avec les chefs d’orchestre Jean-François Paillard et Claudio Scimone, ou avec son ami Jacques Chambon jouant le deuxième hautbois. En tant que musicien d’orchestre, il participe à l’enregistrement de nombreuses œuvres religieuses avec Fritz Werner (de)Karl Ristenpart et Stéphane Caillat. Ses activités de chambriste lui permettront d’enregistrer également plusieurs dizaines d’albums avec le Quintette à vent de Paris, avec l’Ensemble baroque de Paris, et en duo avec Robert Veyron-Lacroix. Dans une quarantaine d’enregistrements, il se retrouve également en compagnie du trompettiste Maurice André.

Reconnu dans le monde entier pour ses interprétations, il sera le dédicataire du concerto de Milhaud (1958) et du concerto de Martelli (1972). Aujourd’hui, ses enregistrements des concertos d’Antonio Vivaldi, d’Tomaso Albinoni et autre Jean-Sébastien Bach restent toujours des références3.

Son fils Philippe est flûtiste à l’Orchestre National de France.

Enregistrements

Au total, Pierre Pierlot a assuré 241 enregistrements : un record pour un hautboïste1.

  • Intégrale des 12 Concertos de Tomaso Albinoni pour 1 ou 2 hautbois (2e hautbois : Jacques Chambon), avec Claudio Scimone
  • Intégrale des concertos de Vivaldi avec Claudio Scimone
  • Trois intégrales des Concertos Brandebourgeois de Bach avec Redel, Ristenpart et Paillard
  • Quantités de concertos de compositeurs italiens, français et allemands, avec une douzaine de chefs différents, J. F. Paillard étant le plus sollicité.
  • Plus de 150 pièces de musique de chambre, en duo, trio quatuor ou quintette
  • Participation à l’enregistrement d’une cinquantaine de cantates et des passions de Bach, en particulier avec Fritz Werner.

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