Image mise en avant : Lippo Memmi, connu de 1317 à 1347. Sainte Madeleine. Tempera à l’œuf et fond d’or sur panneau de bois rectangulaire, sommet en tiers point, arcade brisée trilobée (manque une partie). Avignon, Musée du Petit Palais.
Au début du XXè siècle, l’histoire de l’art occidental a fait un sort malheureux à cet adjectif devenu nom (étymologiquement : les premiers) en assignant une place chronologique bien définie aux « primitifs de la peinture ». Si le terme est parfois étendu aujourd’hui à la sculpture ou à toute période considérée comme une « enfance » de l’art, d’une technique ou d’un style, on l’attribue le plus couramment aux tableaux de chevalet (généralement peints sur panneaux de bois) peints aux xive et xve siècles, en Italie puis, par extension, à l’ensemble des peintres européens de la même époque. Même si une nuance, à l’origine évidemment péjorative et critique (moins méprisante cependant que pour « barbare » ou « gothique »), s’attache au terme, il est préférable d’y voir seulement la désignation d’une période de transition entre les techniques élaborées de la fresque, du vitrail ou de l’enluminure, et les techniques de la peinture à l’huile, exécutée sur une toile tendue par un châssis. Le terme concerne donc tout ce qui, dans le domaine de la peinture occidentale, est antérieur aux innovations de la Renaissance : imitation de la nature, réalisme, représentation d’un espace vraisemblable (lignes de fuite, horizon) qui n’est plus l’espace arbitraire de la peinture.
En somme, ces « primitifs » sont les véritables incunables (premiers textes imprimés avant l’an 1500) de la peinture de chevalet, mais des incunables dont l’existence s’étalerait sur une période plus longue : XIVe et XVe siècle.