Orazio Puglisi

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Les Origines

Image mise en avant : Illustration issue du livre « A Short History of Chess » (Davidson, Henry A. – Greenberg, New York, 1949)

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Orazio Puglisi

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L’origine du jeu fait l’objet de plusieurs hypothèses. Le jeu, dans sa forme primitive, est né en Asie entre le IIIe et le VIe siècle de notre ère. Le lieu précis est toujours discuté : IndeChine, ou Asie centrale (entre la Perse et l’Ouzbékistan). Arrivé en Perse sous le nom de Chatrang au VIe siècle, il est adopté par le monde musulman au Moyen-Orient et y connaît un grand développement qui prépare sa forme moderne.

Pièce du jeu arabe de Shatranj, IXe siècle.

Le jeu du Shatranj parvient en Europe occidentale avec l’expansion de l’islam, d’abord en Afrique du Nord, en Espagne, puis en Italie, il y évolue lentement. Les règles modernes, qui accélèrent le jeu, apparaissent pendant la Renaissance et sont figées avec l’apparition des premiers traités imprimés pour donner le jeu que nous connaissons aujourd’hui.

En Extrême-Orient, les échecs se sont développés à partir de sa version chinoise, le Xiangqi, en Corée et au Japon au Xe siècle.

Au terme d’un processus de normalisation, le jeu d’échecs dans sa forme moderne est désormais répandu dans le monde entier, et il est pratiqué par de nombreux joueurs, librement ou affiliés à des clubs et des fédérations nationales. Des compétitions sont organisées à tous les niveaux, y compris les championnats du monde et les Olympiades sous l’égide de la Fédération internationale des échecs. Il existe un système de classement des joueurs en fonction de leur force appelé le Classement Elo, dominé par les maîtres et grands maîtres internationaux. Dans ce contexte, le jeu d’échecs joue un rôle sur la scène internationale et ses compétitions ont notamment été l’un des théâtres de l’opposition entre les États-Unis et l’Union soviétique pendant la guerre froide.

Le problème des origines du jeu d’échecs

Le jeu moderne des échecs européens diffère fortement des versions primitives. Il existe des jeux d’échecs différents, persans (chatrang), indiens (chaturanga), arabes (shatranj), mongols (shatar), européens, birmans (sit-tu-yin), thaïs ou cambodgiens (makruk), malais (catur), chinois (xiangqi), coréens (janggi), japonais (shogi), etc. Tous ces jeux partagent un ensemble de traits qui renvoient à une véritable préhistoire puisqu’il n’existe aucun témoignage direct et sans équivoque du supposé ancêtre commun. Or, si l’histoire du développement des échecs se trouve largement décrite et bien connue, les origines restent enveloppées d’un voile opaque qui les renvoie le plus souvent à une naissance indienne ex nihilo. Pourtant, un examen objectif des sources disponibles révèle vite la fragilité de cette thèse très répandue.

L’histoire des échecs a elle aussi sa propre « histoire », riche et surprenante. Cette dernière est née dès les premières diffusions du jeu et a tout de suite mêlé l’épopée et la légende. Puis une réaction exagérément rationnelle est venue créer un nouveau mythe : la primauté d’un ancêtre, chaturâjî ou chaturanga, joué aux dés par quatre protagonistes avant qu’un sage élimine le hasard et réduise la partie à deux adversaires. Cette belle fable est aussi séduisante que tenace. Pourtant, elle est très certainement fausse.

Recherches historiques

Trois zones géographiques aux origines des échecs

Jeune Persan jouant aux échecs avec deux prétendants. Illustration tirée des Sept Trônes de Djami, dans l’histoire « Un père avise son fils à propos de l’amour ».

Qui a inventé les échecs, quand, où, comment, pourquoi ?

L’origine du jeu d’échecs reste un sujet controversé. En effet, comme l’écrit Richard Eales dans son livre Chess, The History of a Game1, la recherche des origines des échecs est similaire à la recherche du « chaînon manquant » dans l’évolution humaine.

Les premiers échecs se jouaient donc très probablement à deux joueurs. Mais où et quand sont-ils apparus ? Les échecs sont assurément un jeu asiatique et trois ensembles géographiques posent leur candidature au titre de berceau du roi des jeux. Ces trois ensembles sont eux-mêmes très vastes :

  • L’Inde du Nord, du Cachemire à la haute vallée du Gange, en passant par le Sind et le Pendjab, le bassin de l’Indus (aujourd’hui largement au Pakistan).
  • La Chine historique, c’est-à-dire le bassin du Huang He (fleuve Jaune) et peut-être celui du Yangzi Jiang, plus au sud.
  • La grande sphère iranienne entre les deux, les pays traversés par l’antique Route de la soie : la Perse mais aussi le Gandhâra, la Bactriane, le Khwarezm, la Sogdiane, la Sérinde, soit l’Asie centrale de l’Iran et de l’Afghanistan au Xinjiang. Linguistiquement et culturellement, ces régions se rattachaient à la sphère iranienne.

Anciens textes

En matière de témoignages écrits, la Perse présente les arguments les plus forts avec les trois plus anciens textes connus et reconnus. La revendication indienne s’est érodée par rapport à ce que l’on croyait il y a cent ans, nous laissant une seule source antique, opaque et allusive. La Chine n’offre que des témoignages tardifs, les premières traces remontent en 800.

Textes persans : le chatrang

Le jeu d’échecs entre dans l’Histoire au cœur de l’Iran médiéval en opposant déjà deux armées de seize pièces. Trois textes rédigés en pehlevi (moyen persan) montrent que les échecs étaient connus dès l’an 600 en Perse. Le premier est le Wizârîshn î chatrang ud nîhishn î nêw-ardakhshîr (L’Explication du chatrang et l’invention du nard). Écrit vers l’an 600, il décrit l’arrivée des échecs à la cour des empereurs Sassanides avec une ambassade d’un roi de l’Hind (Sind actuel, sur les berges de l’Indus), leur décryptage et l’envoi en retour du Takhteh Nard (un ancêtre du backgammon) au roi indien qui sera incapable d’en percer le mystère, et devra se résoudre à verser un tribut au Roi des rois iranien. Les détails fournis par ce texte originel ont attiré l’attention des historiens. Les six types de pièces sont déjà nommés et certaines se trouvent grossièrement décrites. Le deuxième texte, le Kârnâmag î Ardakhshîr î Pâbagân (Le livre de geste d’Ardakhshîr fils de Pâbag), composé sous Khusraw II (590-628) était une épopée à la gloire d’Ardakhshîr, le fondateur de la dynastie. Le troisième, le Khusraw î Kawâdân ud Rêdag (Khusraw fils de Kâwâd et son page), détaillait l’éducation des jeunes princes. Ces œuvres passaient en revue les arts en faveur à la cour et le chatrang figurait en bonne place, aux côtés du chôbagân (le polo), du dressage de chevaux et du nêw-ardakhshîr (le Takhteh Nard). Les nobles persans tenaient les échecs en haute estime.

Inde

Contrairement à ce que l’on pourrait attendre, l’Inde n’est pas aussi riche en témoignages. Certes, ashtâpada et chaturanga sont deux mots sanskrits très anciens souvent associés aux jeux. Le premier, signifiant littéralement « huit pieds », apparaît pour la première fois dans un texte bouddhiste daté d’entre le IVe et le IIIe siècle av. J.-C. : le Vinayapitaka. Cependant ce n’est pas encore d’échecs qu’il s’agit mais d’un jeu de dés sur plateau. De même, le mot chaturanga figure dans les épopées classiques comme le Râmâyana, composées avant notre ère, mais il désigne alors un terme militaire s’appliquant à la quadruple constitution de l’armée (infanterie, cavalerie, éléphants et chars). En outre, les premières références autrefois reconnues pour les échecs en Inde se trouvent démenties ou contestées aujourd’hui. Plus aucun historien ne reconnait d’allusion aux échecs dans le Vâsavadattâ de Subandhu, écrit vers 620. Seul, le Harshacharita, histoire officielle du roi Harsha de Kânnauj, écrite peu après 643 par le poète Bâna, conserve encore quelque crédit. Bâna louait la paix prévalant sous le règne de ce grand roi bouddhiste : « Sous ce monarque, […] les seuls combats de rois étaient ceux des sculpteurs d’argile ; seules les abeilles se querellaient pour collecter la rosée ; les seuls pieds coupés étaient ceux des mesures, et seulement de l’ashtâpada on pouvait apprendre les positions du chaturanga, on ne coupait pas les membres des condamnés… ». Tout se lit à double sens. Chaturanga renvoie à l’armée quadripartite mais aussi, peut-être, au jeu d’échecs. Cependant, tous les experts ne sont pas convaincus par cette interprétation car il en existe d’autres.

Curieusement, alors que l’Inde classique possède une très riche littérature où les mentions de jeux de dés sont fréquentes, la prochaine allusion ferme (mais brève) aux échecs ne se trouve que vers 850 au Cachemire avec le Haravijaya (La victoire de Shiva) de Ratnâkara, et la première description complète n’intervient qu’au XIIe siècle avec le Mânasollâsa du roi Someshvara III. À cette date, les Arabes ont déjà tout écrit.

En Europe, il faut attendre le milieu du XVIIe siècle pour que le poète Jean-Francois Sarrasin (1614-1654) établisse l’origine indienne du jeu dans un court essai intitulé « Opinions du nom et du jeu des eschets », rédigé en 1647-48 et publié après sa mort dans Les Œuvres de Monsieur Sarasin, éd. Gilles Ménage, Paris, 1656 (p. 259-277). Sarasin est le premier à démontrer, avec des arguments solides, que les échecs viennent d’Inde, et ont été transmis par les Persans et les Arabes.

L’étape suivante est accomplie en 1694 par l’orientaliste anglais Thomas Hyde dans son traité, en latin, publié sous le titre Mandragorias seu Historia Shahiludii2. Hyde approfondit la piste ouverte par Sarasin avec des précisions philologiques que sa connaissance des langues orientales lui permettait d’avancer. Il reproduit en outre les pièces typiques du canon persan3. Hyde cite Sarasin dans sa bibliographie4.

Chine : les ancêtres du xiangqi

En Chine, les sinogrammes xiang et qi, déjà associés dans le sens d’un jeu, figurent dans des textes très anciens comme le Zhaohun (Le rappel de l’âme), un poème de Song Yu présent dans le Chuci, recueil du IIIe ou IIe siècle av. J.-C., et dans le Shuo yüan du Ier siècle av. J.-C. On ignore cependant de quel jeu il s’agissait. Au VIe siècle apr. J.-C., un xiangxi apparaît dans certains livres comme le Xiangjing (Classique du jeu des symboles) attribué à l’empereur Wu (Zhou du Nord). Cet ouvrage a été perdu mais sa préface, écrite par Wang Bao († 576) nous est parvenue. On y découvre la description énigmatique d’un jeu astrologique. Ce xiangxi pourrait être lié au mystérieux liubo, jeu de course apprécié en Chine sous les Han mais dont les règles sont aujourd’hui perdues. La relation avec le xiangqi actuel demeure complètement inconnue. Rien ne prouve que ce jeu céleste corresponde aux échecs. Mais personne ne peut affirmer qu’il ne s’agissait pas des échecs. Cette question reste sans réponse. L’existence du xiangqi devient indiscutable avec la parution du Xuanguai lu, un recueil de fables écrit par le ministre des Tang, Niu Sengru à la fin du VIIIe siècle. Dans l’une d’elles, le héros Cen Shun aurait rêvé d’une bataille à venir. Au lendemain de la victoire, ses proches pénètrent dans sa chambre et y trouvent une vieille tombe. Ils l’ouvrent et découvrent un échiquier dressé avec des pièces d’or et de bronze.

L’archéologie

Les plus anciennes pièces d’échecs connues sont les sept qui ont été trouvées en 1977 à Afrassiab, près de Samarcande en Ouzbékistan. Il s’agit de petites figurines en ivoire, hautes de 3 à 4 cm : deux soldats à pied portant une épée et un bouclier, un cavalier pareillement armé, un éléphant monté et un homme chevauchant une sorte de fauve, deux chariots très différents l’un de l’autre, l’un étant probablement « royal ». Ces pièces furent datées du VIIe siècle, en tout état de cause d’avant 712 à cause de la présence d’une pièce de monnaie dans la même couche des fouilles.

Certains archéologues britanniques affirment avoir découvert en 2002 une pièce plus ancienne encore, datant du VIe siècle apr. J.-C. à Butrint, au sud de l’Albanie. Cette découverte n’est toutefois pas appuyée par toute la communauté scientifique5.

D’autres pièces semblables les ont rejointes, en provenance elles aussi des villes étapes de l’antique route de la soie. Cette route fameuse traversait des régions où vivaient à cette époque des peuples parlant majoritairement des dialectes iraniens. SogdiensKorasmiens et Bactriens en particulier contrôlaient le commerce avec des postes avancés jusqu’en Chine. La route de la soie était l’artère principale canalisant tous les échanges. L’Inde, en revanche, a laissé très peu de témoignages archéologiques. Il est vrai que le climat humide et l’utilisation de matériaux périssables rendent les fouilles moins fructueuses. Les plus anciennes pièces de xiangqi connues ressemblent fortement à celles d’aujourd’hui. Les plus antiques remontent à la dynastie des Song du Nord vers 1100. Mais la ressemblance avec des pièces de monnaie est si forte qu’on peut craindre que des pièces de xiangqi, isolées, abîmées, usées, aient été prises pour telles par des collectionneurs, ou pillées.

Quel scénario pour une naissance ?

La théorie dominante attribue la naissance des échecs à l’Inde du Nord, vers l’an 500. Ils se seraient d’abord diffusés en Asie centrale, puis en Chine, suivant la route empruntée par le bouddhisme. Cette hypothèse est séduisante. Elle conserve toute sa crédibilité et sa vraisemblance, mais elle peine à tout expliquer. En effet, la majorité des traces historiques connues à ce jour incline plutôt à placer la naissance des échecs en Asie centrale, entre Iran orientalAfghanistanPakistanOuzbékistanTadjikistanTurkménistanKirghizistanTurkestan oriental, bref, tous ces pays qui, à cette époque reculée, se rattachaient à l’Empire sassanide ou, tout au moins, se trouvaient habités par des peuples parlant majoritairement des langues iraniennes. Les recherches n’ont pas permis — à ce jour — d’amener des éléments concrets comparables pour l’Inde. Mais il reste une sérieuse objection : plusieurs caractéristiques des échecs chinois, le xiangqi, paraissent plus primitives que celles des échecs primitifs indo-persans (chatrangchaturanga). L’exploitation des sources archéologiques et le déchiffrement des textes anciens sont loin d’être achevés en Chine, et des découvertes ultérieures balaieront peut-être les idées établies aujourd’hui. Qui plus est, l’énigme obéit peut-être à un schéma plus complexe d’influences multiples et superposées entre les civilisations et leurs jeux.

Le berceau des échecs se cache encore quelque part en Asie.

Les échecs dans le monde arabe : le shatranj

Lorsque les Arabes envahissent la Perse, ils adoptent le Chatrang sous le nom de shatranj. Leur rencontre avec ce jeu est fort bien documentée6. Les échecs connaissent alors un développement remarquable. C’est au cours des IXe et Xe siècles qu’apparaissent les premiers champions et les premiers traités. Les pièces sont stylisées en raison de l’interdiction de représenter des êtres animés7. On retrouve alors :

  • le roi (du persan Châh, c’est lui qui donne son nom au jeu) se déplace d’un pas dans toutes les directions ;
  • le conseiller (du persan Farzin ou Vizir) dont le mouvement est limité à une seule case en diagonale ;
  • l’éléphant (Fil, forme arabisée du mot persan Pil, cf. sanskrit pīlu) avec un déplacement correspondant à un saut de deux cases en diagonale ;
  • le cheval (en arabe Faras, en persan Asp : cheval), identique au cavalier moderne ;
  • le Roukh, la tour (du persan Rokh : tour), semblable à la tour actuelle.
  • le soldat (en arabe Baidaq, forme arabisée du mot persan Piâdak : piéton, cf. sanskrit padāti : piéton, fantassin), l’équivalent du pion, mais dépourvu du double pas initial.

(Le Roukh était parfois représenté comme un char de guerre. Les Arabes y voyaient un général commandant l’armée. Mais son sens littéral reste obscur. Il semble que pour les Arabes, ce mot n’avait pas d’autre sens que celui de désigner cette pièce au Shatranj, un peu comme le mot rook pour les anglophones aujourd’hui. Le lien étymologique avec le sanskrit ratha : char est peu évident. le mot proviendrait probablement du persan rokh : tour.)

Enluminure, Liber de Moribus, vers 1300.

Arrivée en Europe et évolution

Manuscrit (c.1320)
Pièce d’échecs (roi ou dame) en os, probablement du XIIIe siècle. Musée Saint-Raymond (Toulouse).

Le jeu d’échecs arrive sans doute en Europe par l’Espagne musulmane aux alentours du Xe siècle, ou par l’Italie du sud (Sicile), puis progresse dans toute l’Europe à partir du XIe siècle8. Une légende a longtemps attribué un jeu d’échecs à Charlemagne qui l’aurait reçu de la part du calife Hâroun ar-Rachîd, mais dont on pense aujourd’hui qu’il fut fabriqué près de Salerne à la fin du XIe siècle9. Le poème latin Versus de Scachis écrit à la fin du Xe siècle contient les premières règles écrites en Europe10. En 101011. Une mention du jeu a été trouvée dans un testament du comte d’Urgel, en Catalogne12.

Le jeu d’échecs est alors souvent pratiqué à l’aide de dés13 ce qui provoque sa condamnation par l’Église au Concile de Paris de 121214, au même titre que tous les jeux de hasard. Saint Louis reprend cette interdiction dans sa Grande ordonnance de 1254 : « Nous voulons et établissons que tous nos prévôts et nos baillis s’abstiennent de prononcer nulle parole qui tourne au mépris de Dieu, de Notre Dame et tous les saints, et qu’ils se gardent du jeu des dés et des tavernes »15. Cette interdiction est peu appliquée, la popularité des échecs atteint son apogée entre le XIIe siècle et le XVe siècle : faisant partie intégrante de l’éducation du futur chevalier, le jeu se répand également dans le milieu de la bourgeoisie à partir du XIVe siècle16.

L’échiquier s’occidentalise au milieu du XIIe siècle, les pièces devenant plus mobiles probablement en lien avec le développement de la poudre à canon qui rend l’artillerie des champs de bataille plus puissante17 :

  • le plateau devient bicolore avec les cases rouges et noires (qui deviendront plus tard blanches et noires) ;
  • le vizir devient fierge (ou vierge), puis reine ou dame (il est difficile de déterminer lequel des deux termes prévalait — sans doute étaient-ils utilisés indifféremment) ;
  • l’éléphant (al fil en arabe, qui reste alfil en espagnol aujourd’hui) devient aufin, puis fol ou fou en français ;
  • le roukh arabe devient roc (ce nom donnera rook en anglais, le verbe « roquer » en français et désignera la tour d’échecs en héraldique), puis tour vers la fin du XIIe siècle (les tours de guet étant souvent placées en hauteur)18.

 

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