La Joconde (en italien: La Gioconda [la dʒoˈkonda] ou Monna Lisa [ˈmɔnna ˈliːza]), ou Portrait de Mona Lisa, est un tableau de Léonard de Vinci, réalisé entre 1503 et 1506 ou entre 1513 et 15161,2, et peut-être jusqu’à 1517 (l’artiste étant mort le )3, qui représente un portrait mi-corps, celui de la Florentine Lisa Gherardini, épouse de Francesco del Giocondo. Très probablement acquise par François Ier, cette peinture à l’huile sur panneau de bois de peuplier de 77 × 53 cm est exposée au musée du Louvre à Paris. La Joconde est l’un des rares tableaux attribués de façon certaine à Léonard de Vinci.
La Joconde est devenue un tableau éminemment célèbre car, depuis sa réalisation, nombre d’artistes l’ont pris comme référence. À l’époque romantique, les artistes ont été fascinés par ce tableau et ont contribué à développer le mythe qui l’entoure, en faisant de ce tableau l’une des œuvres d’art les plus célèbres du monde, si ce n’est la plus célèbre : elle est en tout cas considérée comme l’une des représentations d’un visage féminin les plus célèbres au monde4. Au XXIe siècle, elle est devenue l’objet d’art le plus visité au monde, devant le diamant Hope5, avec 20 000 visiteurs qui viennent l’admirer et la photographier quotidiennement6.
Description
La Joconde est le portrait d’une jeune femme, sur fond d’un paysage montagneux aux horizons lointains et brumeux. Elle est disposée de trois quarts et représentée jusqu’à la taille, bras et mains compris, regardant le spectateur, ce qui est relativement nouveau à l’époque et rompt avec les portraits jusque-là répandus, qui coupent le buste à hauteur des épaules ou de la poitrine et sont entièrement de profil7.
La femme porte une robe vert sombre en soie plissée sur le devant, avec des manches jaunes. Elle est ornée d’entrelacs dorés et d’une broderie au décolleté. Un voile noir translucide couvre la chevelure et est bien visible sur le haut du front. Cette sorte de mantille plaque les cheveux crêpés ou finement bouclés qui tombent sur les épaules. Les yeux étroits sont nettement cernés et le regard semble suivre le spectateur même lorsqu’il se déplace car il est perpendiculaire au plan de l’image. Le corsage décolleté dégage la gorge et la poitrine jusqu’à la naissance des seins et l’esquisse de l’épaule gauche, ce qui adoucit la sévérité de son voile. Une légende tenace née de la présence de ce voile grège et de l’absence de bijoux veut que Mona porte le deuil de sa fille Camilla morte en 1499. En réalité, ses vêtements sombres sont dus à l’obscurcissement des vernis successifs, le voile noir est une coiffure traditionnelle à cette époque et l’absence de bijoux résulte aussi bien du choix du peintre que du modèle de ne céder ni à la vanité, ni à la mode bien que Mona Lisa soit une femme aisée. Le propos de ce portrait vise ainsi à souligner l’intemporalité de son expression psychologique8. La région du cœur, avec la couleur claire de la peau qui tranche sur le vêtement foncé, se trouve au centre du tableau, au croisement de ses deux diagonales.
Le visage est totalement épilé, ne présentant ni cils, ni sourcils. Selon l’hypothèse de Daniel Arasse, confirmée par une analyse spectrographique en 2004, les sourcils et les cils de Mona Lisa auraient été effacés vers le milieu du XVIe siècle par un inconnu, car les femmes de la bonne société avaient adopté à cette époque la pratique des prostituées des décennies précédentes et s’épilaient désormais le visage9 ; ce qui irait dans le sens de la description de La Joconde par Giorgio Vasari10.
Mona Lisa est assise sur une sorte de fauteuil en bois de forme semi-circulaire posé de profil, avec des accoudoirs et une sorte de balustrade semi-circulaire (appelée « spalliera » ou « dorsale ») supportée par des barreaux. Ses bras sont pliés et ses mains croisées, le bras gauche posé fermement sur un accoudoir du fauteuil et la main droite posée mollement sur le poignet gauche. Elle se trouve probablement sur la terrasse d’une loggia à arcades : on peut voir un parapet juste derrière elle au premier tiers du tableau, ainsi que l’amorce de la base renflée de deux colonnes11.
La Joconde est située devant le parapet, qui constituait traditionnellement une frontière entre la figure représentée et le spectateur, elle s’inscrit donc dans l’espace de ce dernier12.
À l’arrière-plan se trouve un paysage montagneux dans lequel se détachent un chemin sinueux et une rivière qu’enjambe un pont de pierre. On peut remarquer une cassure de la ligne d’horizon : la tête de la jeune femme sépare le tableau en deux parties (un paysage humanisé de couleur brune et un paysage imaginaire d’un bleu opaque dont la ligne d’horizon coïncide avec son regard) dans lesquels l’horizon ne se trouve pas au même niveau13.
La source de lumière douce provient essentiellement de la gauche du tableau et donne à Mona un teint lumineux en contraste avec les vêtements sombres14.
Léonard de Vinci considérait sa Monna Lisa comme achevée. Deux zones semblent cependant avoir été négligées : une portion du paysage, brun roux, derrière l’épaule, interprétée comme un mouvement de terrain, et le contour de l’index de la main droite, repentir destiné à être masqué. La numérisation multispectrale (des ultraviolets aux infrarouges) réalisée en 2004 par l’ingénieur Pascal Cotte a décelé également le repentir de Vinci sur la position de l’index et du majeur de la main gauche. Elle a également mis en évidence une couverture15 qui couvrait initialement ses genoux et qui explique le positionnement des mains16. Enfin, l’étude multispectrale donne à penser que de Vinci a réalisé le tableau en quatre étapes principales, dont un portrait avec une coiffe, faite de perles, draperies et aiguilles à cheveux qui évoque un projet d’apparence « mythologique ou sacré »17.