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La Comédie (en italien Commedia [komˈmɛdja]1), ou la Divine Comédie2 (Divina Commedia [diˈvina komˈmɛdja]1), est un poème de Dante Alighieri écrit en tercets enchaînés d’hendécasyllabes en langue vulgaire florentine. Composée, selon la critique, entre 1303 et 1321, la Commedia est l’œuvre de Dante la plus célèbre et l’un des plus importants témoignages de la civilisation médiévale. Connue et étudiée dans le monde entier, elle est tenue pour l’un des chefs-d’œuvre de la littérature3.
La Divine Comédie est généralement considérée comme le premier grand texte en italien : la langue dans laquelle elle est écrite a eu une influence considérable sur l’idiome moderne de la péninsule. Pour écrire son œuvre, Dante a été très largement inspiré par le sanglant conflit qu’il a lui-même vécu en Italie, opposant les Guelfes (Guelfi) et les Gibelins (Ghibellini) (1125-1300). Du point de vue littéraire, Dante fait référence explicite à l’Énéide et à l’Apocalypse de Paul, les deux textes antiques les plus connus dans le genre des récits de voyage dans les Enfers4.
Le poème est divisé en trois parties appelées cantiche (pluriel italien pour cantica) : Inferno (Enfer), Purgatorio (Purgatoire) et Paradiso (Paradis), chacune composée de trente-trois chants (excepté l’Enfer qui contient un chant préliminaire). Le poète narre un voyage à travers les trois règnes supraterrestres qui le conduira jusqu’à la vision de la Trinité. Sa représentation imaginaire et allégorique de l’au-delà chrétien est un sommet de la vision médiévale du monde développée par l’Église catholique romaine.
L’œuvre connut immédiatement un succès extraordinaire et contribua de manière déterminante au processus de consolidation du dialecte toscan comme langue italienne. Le texte, dont on ne possède pas l’autographe, fut copié dès les premières années de sa diffusion, et jusqu’à l’avènement de l’imprimerie, en un grand nombre d’exemplaires manuscrits. Parallèlement, se diffusa la pratique de la glose et du commentaire, donnant vie à une tradition de lectures et d’études dantesques jamais interrompue. L’étendue des témoignages manuscrits de la Commedia a constitué une difficulté majeure dans l’élaboration de l’apparat critique. On dispose aujourd’hui, en italien, d’une édition de référence réalisée par Giorgio Petrocchi5. André Pézard est pour le XXe siècle le spécialiste français de Dante avec la publication en 1965 de l’œuvre complète traduite et commentée6. Jacqueline Risset a publié une édition bilingue et commentée en trois volumes (en 1985, 1988 et 1990) de la Divine Comédie plusieurs fois rééditée7. Chez Gallimard (poésie poche), La Comédie – Poème sacré en un volume bilingue, du à Jean-Charles Vegliante (2012, 2014 II éd.).
Tout en recouvrant de nombreuses caractéristiques de la littérature et du style médiéval (inspiration religieuse, intention moraliste, langage et style fondés sur la perception visuelle et immédiate des choses), la Commedia, comme l’a notée Erich Auerbach dans Mimésis, est profondément innovante et tend vers une représentation large et dramatique de la réalité.
Le titre original fut probablement Commedia, ou Comedìa, du grec κωμῳδία / kômôidía. C’est en effet ainsi que Dante lui-même nomme son œuvre (Enfer XVI 128, Enfer XXI 2). Dans l’Epistola (dont la paternité dantesque n’est pas absolument certaine) adressée à Cangrande della Scala, Dante confirme le titre latin de l’œuvre : « Incipit Comedia Dantis Alagherii, Florentini natione, non moribus »8 (« Ici commence la Comédie de Dante Alighieri, florentin d’origine mais non de mœurs »). La lecture de cette lettre fournit deux raisons justifiant l’attribution de ce titre : l’une, de caractère littéraire, selon laquelle il était d’usage de définir par le terme de commedia un genre littéraire qui, après des débuts difficiles pour le personnage principal, connaît une fin heureuse ; l’autre, stylistique, puisque le mot commedia indiquait une œuvre écrite en langage médian. Ces deux aspects se retrouvent effectivement dans le poème : de la selva oscura, allégorie de l’égarement du poète, on passe à la rédemption finale, la vision de Dieu dans le Paradis ; en second lieu, les vers sont écrits en langue vulgaire et non en latin qui, bien qu’il existât déjà une riche tradition littéraire en lingua del sì, continuait à être considéré comme la langue par excellence de la culture.
L’adjectif « divina » fut utilisé pour la première fois par Boccace dans son Trattatello in laude di Dante (Petit Traité à la louange de Dante) (1373), environ soixante-dix ans après l’époque à laquelle le poète a vraisemblablement commencé la composition de son œuvre. La locution Divina Commedia, cependant, ne devint commune qu’à partir de la seconde moitié du XVIe siècle, lorsque Ludovico Dolce, dans son édition vénitienne de 1555, reprit le titre boccacien9.
Le nom « commedia » (sous la forme comedìa) apparaît seulement deux fois à l’intérieur du poème (Enfer) que Dante qualifie de poema sacro (poème sacré) dans le Paradis.
La Divine Comédie se déroule « à la moitié du chemin de notre vie » (« Nel mezzo del cammin di nostra vita » : premier vers du Chant I ou Préambule général). Dante a précisément trente-cinq ans (l’espérance de vie étant faible au XIVe siècle, et cet âge correspondant au point culminant de la vie selon la Bible).
La Divine Comédie est divisée en trois cantiques composés de trente-trois chants chacun (plus un chant inaugural placé dans l’Enfer). Ce découpage très précis traduit la symbolique des nombres : on distingue 100 chants (33 + 33 + 33 + 1 : tous les cantiques ont 33 chants sauf le premier, l’Enfer, qui en contient 34 car le tout premier chant introduit la Divine Comédie). Ce chiffre 100 renvoie au chiffre « 1 » qui traduit l’Unité, alors que la répétition du chiffre « 3 » est associé à la Trinité. Les chants présentent une forme dite terza rima (« rime tierce »), ou terza dantesca (tierce dantesque) faisant se succéder trois fois la même rime embrassée avec une autre suite de trois occurrences. Les vers hendécasyllabiques sont regroupés en tercets à rime enchaînée. Ainsi, les premiers vers de l’Enfer :
Dans la Divine Comédie, la Terre est fixe au centre de l’Univers. Autour d’elle, tournent les neuf cieux :
Au-delà, se trouve l’Empyrée.
Le Diable est au centre de la Terre. Sa chute a creusé une cavité conique dont l’axe passe par Jérusalem ; c’est l’Enfer, compartimenté en neuf cercles :
Un chemin caché mène de la demeure du Diable à une île, diamétralement opposée à Jérusalem, où s’élève le Purgatoire ; celui-ci comprend :
Le Purgatoire est surplombé par le Jardin d’Éden.
Le récit de l’Enfer, la première des trois parties, s’ouvre avec un chant introductif (qui sert de préambule à l’ensemble du poème) dans lequel le poète Dante Alighieri raconte à la première personne son égarement spirituel : il se représente « dans une forêt obscure », allégorie du péché, dans laquelle il se retrouve parce qu’il a perdu « la route droite », celle de la vertu (il faut se souvenir que Dante se sent coupable du péché de luxure lequel est toujours présenté, dans l’Enfer et le Purgatoire, comme le moins lourd des péchés). Cherchant à en trouver l’issue, le poète aperçoit une colline illuminée par la lumière du soleil ; tentant d’en sortir pour avoir une perspective plus large, son avance est entravée par trois bêtes féroces : une lonce (lynx), allégorie de la luxure, un lion, symbole de l’orgueil et une louve représentant l’avarice, les trois vices à la base de tous les maux. La frayeur que lui inspire la louve est telle que Dante tombe en arrière le long de la pente.
En se relevant il aperçoit l’âme du grand poète Virgile auquel il demande de l’aide. Virgile, « voyant qu’il pleurait10 », lui révèle que pour arriver au sommet de la colline et éviter les trois bêtes féroces, il faut prendre une route différente, plus longue et plus pénible, à travers le bien et le mal, et prophétise que la louve sera tuée par un mystérieux vautre11,12. Le poète se présente comme l’envoyé de Béatrice, la jeune femme (morte à seulement vingt-quatre ans) aimée par Dante, qui avait intercédé auprès de Dieu afin que le poète fût libéré de ses péchés. Virgile et Béatrice sont ici les allégories de la raison et de la théologie : le premier en tant que poète le plus sage de l’antiquité classique, la seconde parce qu’elle est un moyen d’accès vers le créateur (scala al fattore), selon la vision élaborée par Dante dans la Vita Nuova.
Depuis la colline de Jérusalem sur laquelle se trouve la forêt, Virgile conduira Dante à travers l’enfer et le purgatoire parce qu’à travers ce voyage, son âme pourra se relever du mal dans lequel elle était tombée. Puis Béatrice prendra la place de Virgile pour guider Dante au paradis. Virgile, dans le récit allégorique, représente la raison, mais la raison ne suffit pas pour arriver à Dieu ; la foi est nécessaire et Béatrice représente cette vertu. Virgile en outre n’a pas connu le Christ, il n’est donc pas baptisé et il ne lui est de ce fait pas permis de s’approcher du royaume du Tout-Puissant.
Virgile, mandé par Béatrice, qui vient chercher le poète, va le mener par l’Enfer, seule sortie de cette forêt. Dante et Virgile vont alors descendre à travers neuf cercles concentriques dans chacun desquels sont logés, par ordre de vice, les occupants de l’Enfer. Ici se succèdent des personnages célèbres, comme Virgile ou Ulysse, et des personnages côtoyés par Dante et envoyés en Enfer en châtiment de leurs péchés. Leurs supplices sont décrits, par ordre croissant à mesure que l’on descend vers le fond de l’Enfer, qui est aussi le centre de la Terre. Cette partie du voyage se termine par la rencontre avec Lucifer, sur lequel Dante et Virgile sont forcés de grimper pour sortir de l’Enfer, « et revoir les étoiles ». Dans la géographie dantesque l’Enfer se présente comme un abîme en forme d’entonnoir. Lucifer l’a creusé dans sa chute sous la ville de Jérusalem, c’est pourquoi il se trouve vissé au centre de la Terre. Les âmes des damnés sont envoyées selon leurs péchés dans l’un des neuf cercles infernaux. Plus leur faute est grave, plus ils tombent bas et plus leur châtiment est pénible. Les châtiments attribués sont en rapport (par analogie ou par contraste) avec le péché commis selon la loi du contrapasso.
Le véritable voyage à travers l’Enfer commence au Chant III (dans les précédents Dante exprime auprès de Virgile ses doutes et ses craintes au sujet du voyage qu’ils vont accomplir). Dante et Virgile se trouvent sous la ville de Jérusalem, devant la grande porte sur laquelle sont gravés les célèbres vers qui ouvrent ce chant. Le dernier : « Lasciate ogne speranza, voi ch’intrate » (« Laissez toute espérance, vous qui entrez »), inspire de nouveaux doutes et de nouvelles peurs à Dante, mais son maître, guide et ami lui sourit et le prend par la main car ils doivent désormais avancer. Dans ce lieu hors du temps et privé de lumière, l’Ante-enfer, errent pour toujours les indolents, ceux qui, dans la vie, n’ont pas voulu prendre position et sont maintenant considérés comme indignes aussi bien de récompense (Paradis) que de châtiment (Enfer) ; un peu plus avant, sur la rive de l’Achéron (premier fleuve infernal), se tiennent provisoirement les âmes qui doivent rejoindre l’autre rive, attendant que Charon, le premier gardien de l’Enfer, les pousse dans sa barque et les fasse traverser.
L’Enfer dantesque est imaginé comme une série de cercles numérotés, toujours plus étroits au fur et à mesure de leur succession dans la série, l’ensemble formant un cône renversé ; l’extrémité la plus étroite correspond au centre de la Terre et est entièrement occupée par Lucifer qui, mouvant ses immenses ailes, produit un vent glacial : la glace est la peine maximale. Dans cet Enfer, à chaque péché correspond un cercle et chaque cercle est plus profond que le précédent et plus proche de Lucifer ; plus lourd est le péché, plus grand sera le numéro du cercle auquel il renvoie.
Au-delà de l’Achéron se trouve le premier cercle, les limbes. Ici se trouvent les âmes pures qui ont vécu dans le bien mais n’ont pas reçu le baptême ; sont aussi ici — dans un lieu à part dominé par un « nobile castello » (un noble château) — les anciens « spiriti magni » (les plus grands esprits, dont fait partie Virgile lui-même), ceux qui accomplirent de grandes œuvres pour le plus grand bénéfice du genre humain. Après les limbes, Dante et son maître pénètrent dans l’Enfer proprement dit. À l’entrée se tient Minos, le second gardien de l’Enfer qui, en juge équitable, indique dans quel cercle infernal chaque âme devra expier sa peine. Passé Minos, Dante et Virgile se retrouvent dans le deuxième cercle, où sont punis les luxurieux : parmi eux se trouvent les âmes de Sémiramis, Cléopâtre et Hélène de Troie. Les vers du cinquième chant qui racontent l’histoire de la passion amoureuse de Paolo Malatesta et Francesca da Rimini sont restés particulièrement célèbres. Aux luxurieux, accablés par le vent, succèdent dans le troisième cercle les gourmands ; ceux-ci sont immergés dans une fange puante, sous une pluie sans trêve, mordus et griffés par Cerbère, troisième gardien de l’Enfer ; dans le quatrième cercle se trouvent ensuite les avares et les prodigues, divisés en deux groupes destinés à s’affronter éternellement en roulant des tas de pierres tout autour du cercle.
Dante et Virgile rejoignent ensuite le cinquième cercle, devant le Styx, dans les eaux boueuses duquel sont punis les coléreux et les indifférents. Les deux poètes sont transportés sur la rive opposée par la barque de Phlégias, quatrième gardien de l’Enfer. Là se dresse la cité de Dité (sixième cercle), dans laquelle sont punis les pécheurs conscients de leur péché. Devant la porte fermée de la ville, les deux amis sont bloqués par les démons et les Érinyes ; ils n’entreront que grâce à l’intervention de l’archange Michel et verront alors comme sont châtiés ceux « che l’anima col corpo morta fanno » (« qui font mourir l’âme avec le corps »), c’est-à-dire les épicuriens et les hérétiques parmi lesquels ils rencontrent Farinata degli Uberti, l’un des personnages de l’Enfer dantesque les plus fameux.
Au-delà de la ville, le poète et son guide descendent vers le septième cercle le long d’un ravin escarpé (« alta ripa »), au fond duquel se trouve le troisième fleuve infernal, le Phlégéthon, un fleuve de sang en ébullition. Ce fleuve constitue le premier des trois « girons » qui divisent le septième cercle ; y sont punis les violents parmi lesquels le Minotaure tué par Thésée avec l’aide d’Ariane. Sur l’autre rive du fleuve se trouve le second giron que Dante et Virgile rejoignent grâce à l’aide du centaure Nessos ; ici se tiennent les violents contre eux-mêmes, les suicidés transformés en arbustes secs, éternellement déchirés par les Harpies ; parmi eux se trouve Pier della Vigna ; dans le giron également sont les gaspilleurs, poursuivis et dévorés par des chiennes. Le troisième et dernier giron, est une lande brûlante où séjournent les violents contre Dieu, la nature et l’art mais aussi les blasphémateurs, les sodomites (parmi lesquels Brunetto Latini) et les usuriers. Dante consacrera un nombre important de vers, du Chant XIV au Chant XVII.
Après le septième cercle, Dante et Virgile descendent par un burrato (ravin) sur le dos de Géryon, le monstre infernal au visage humain, aux pattes de lion, au corps de serpent et à la queue de scorpion. Ils rejoignent ainsi le huitième cercle appelé Malebolge, où sont punis les fraudeurs. Le huitième cercle est divisé en dix bolges ; chaque bolge est un fossé circulaire. Les cercles sont concentriques, creusés dans la roche et descendant en terrasses vers le bas. À leur base s’ouvre le « Pozzo dei Giganti » (le « puits des Géants »). Dans les bolges sont punis les ruffians et séducteurs, adulateurs et flatteurs, fraudeurs et simoniaques, devins et ensorceleurs, concussionnaires, hypocrites, voleurs, conseillers fourbes — parmi lesquels Ulysse et Diomède. Ulysse raconte aux deux voyageurs son dernier périple ; Dante, qui ne connaissait pas la prédiction de Tirésias sur la mort d’Ulysse en invente la fin dans un gouffre maritime au-delà des colonnes d’Hercule, symbole pour Dante de la raison et des limites du monde. Se rencontrent encore les semeurs de scandale et de schisme et les faussaires — dont, dans la dixième boge, le « folletto » Gianni Schicchi ; enfin, les deux poètes accèdent au neuvième et dernier cercle, où sont punis les traîtres.
Ce cercle est divisé en quatre « zones », couvertes par les eaux gelées du Cocyte ; dans la première, appelée « Caina » (de Caïn qui tua son frère Abel), sont punis les traîtres à la parenté ; dans la seconde, « Antenora » (d’Anténor, qui livra le palladium de Troie aux ennemis grecs), se tiennent les traîtres à la patrie ; dans la troisième, la « Tolomea » (du roi Ptolémée XIII, qui, au temps de Jules César tua son hôte Pompée), se trouvent les traîtres à leurs hôtes, et enfin, dans la quatrième, « Giudecca » (de Judas, qui trahit Jésus), sont punis les traîtres à leurs bienfaiteurs. Dans l’Antenora, Dante rencontre le Comte Ugolin qui raconte son enfermement dans la « Torre della Muda » avec ses fils et leur mort de faim. Enfermement et mort ordonnés par l’archevêque Ruggieri. Ugolin apparaît dans l’Enfer autant comme un damné que comme un démon vengeur rongeant éternellement la tête de son bourreau. Dans la dernière zone se trouvent les trois grands traîtres : Cassius, Brutus et Judas ; leur peine consiste à être broyés par les trois bouches de Lucifer qui demeure en ces lieux.
Descendant le long de son corps velu, Dante et Virgile atteignent une grotte où ils trouvent quelque escalier. Dante est étonné de ne plus voir le dos de Lucifer et Virgile lui explique qu’ils se trouvent dans l’hémisphère austral. Quittant la « natural burella », ils prennent enfin le chemin qui les conduira à la plage du Purgatoire, à la base de laquelle ils sortiront bientôt « a riveder le stelle ».
Dante et Virgile ressortent sur la plage d’une île située de l’autre côté du globe terrestre. Ils aperçoivent alors le mont du Purgatoire, le long duquel montent les âmes des morts qui se sont repentis. Le mont est composé d’un Antépurgatoire et de sept « girons » où doivent attendre les morts, le même temps qu’ils ont mis à se repentir. Alors que des cris et des plaintes déchiraient l’Enfer, le Purgatoire résonne de mélodies. Les âmes arrivent en chantant le psaume « In exitu Israël de Aegypto ». Chaque pécheur occupe une place relative à son péché, qui lui est systématiquement rappelé tandis qu’on invoque pour lui l’exemple de personnes qui se sont distinguées dans la qualité contraire. Au fur et à mesure qu’ils expient leurs fautes, les pénitents peuvent gravir la montagne, jusqu’à ce qu’ils parviennent à l’entrée du Paradis. Les prières des vivants peuvent alors les aider à en ouvrir les portes.
Encore une fois, la montée est ponctuée des rencontres avec divers personnages connus de Dante ou plus célèbres (Arnaut Daniel, Adrien V, etc.). On peut noter que Dante place ses amis du dolce stil novo dans le Purgatoire. Arrivé au Paradis terrestre, en haut de la montagne, Virgile laisse Dante et retourne en Enfer. C’est Béatrice qui vient alors chercher le poète pour lui servir de guide, et « sortir vers les étoiles ».
Cette partie du texte est dédiée à Cangrande della Scala. Beatrice Portinari, sa muse, fait passer Dante au Paradis, qui est construit à l’inverse de l’Enfer (neuf sphères concentriques dirigés vers le haut). Ici on croise de nombreux saints. Chaque sphère correspond en fait à un ciel (ciel de la Lune, de Mercure, de Vénus, etc.) dans lequel sont logés les hommes sans péchés selon leur mérite. À la fin du parcours les apôtres du Christ interrogent Dante, qui répond justement à leurs questions, et passe au dixième ciel ou Empyrée. Là Béatrice le quitte et c’est saint Bernard de Clairvaux qui devient le dernier guide de Dante. Ce dernier adresse une prière à la Sainte Vierge et finalement Dante s’éteint complètement en Dieu, l’« Amour qui meut le ciel et les étoiles ».
Franz von Bayros, surtout connu pour ses dessins à caractère érotique, a illustré l’œuvre en 1921.
Auguste Rodin finit en 1889 sa première Porte de l’Enfer directement inspirée de la Divine Comédie avant d’en compléter une seconde version plus abstraite en 1900 à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris de la même année.
Virgile guide dans cet opus Dante à travers les Malebolges, croisant d’illustres personnages (tels que Cléopâtre dans le cercle de la luxure) tout comme sa propre famille ; l’esprit du poème est cependant globalement respecté, son architecture vis-à-vis de l’œuvre comme l’ordre des péchés. Le jeu s’arrête après la rencontre de Dante et Lucifer, sa défaite et son accession au purgatoire (Virgile n’accompagnera alors pas Dante, au bénéfice de Beatrice).
De nombreux aspects de la Divine comédie ont pu influencer les univers des jeux de rôle sur table : l’esthétique infernale, mais aussi le voyage entre les plans, la ludification du salut et le symbolisme32.
On dispose d’une édition de référence réalisée par Giorgio Petrocchi5. Elle est relue, et parfois légèrement amendée, dans l’édition bilingue La Comédie – Poème sacré de Jean-Charles Vegliante, parue en 2012 chez Gallimard (poésie/gallimard, 20142).
Deux éditions critiques ont été publiées plus récemment par Antonio Lanza (it)34 et Federico Sanguineti (it)35.
La Divine Comédie a fait l’objet d’un nombre considérable d’éditions, traductions et commentaires :
Parmi les traductions en français, on estime au XIXe siècle celles de :
La Divine Comédie a été mise en vers par :
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