Orazio Puglisi

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Icônes de Pskov

Image mise en avant : Le Prophète Elie au désert

L’école de peinture d’icônes de Pskov remonte à la fin du XIIIe siècle début du XIVe siècle. Ses icônes sont classées parmi les icônes russes postmongoles. Peu d’icônes nous sont toutefois parvenues et, de plus, relativement tard. Elles sont exposées à la Galerie Tretiakov ou au Musée Russe. Mais le musée de Pskov en possède toutefois 700 exposées dans trois salles de l’hôtel Pogankine[10]. Dès ses origines, la peinture de Pskov possède des particularités de par son approche individuelle des sujets et le dynamisme de ses compositions. C’est à Pskov que se manifeste le développement d’un style libre, pittoresque et expressif. L’expressivité est sans doute due aux conceptions du monde des habitants habitués aux guerres et aux évènements dramatiques, du fait de leur position géographique près des frontières. L’œuvre de Théophane le Grec à Novgorod a exercé une influence importante sur les artistes de Pskov. Il était en effet très proche de la perception pskovienne de l’art : prédilection pour des coloris ténébreux, rehauts blancs et assistes sur les visages et les vêtements sombres, laconisme, nuances de vert foncé, de rouge et de jaune. Ces icônes manifestent aussi un certain archaïsme dans le style, comme celui de l’icône d’Élie le prophète[11].

 

 

Le Prophète Élie au désert
 
Artiste
?
Date
XIIIe siècle
Type
icône
Localisation

Le Prophète Élie au désert est une icône russe fort ancienne dont les origines sont difficiles à identifier. Elle figure toutefois parmi les rares icônes de Pskov connues du XIIIe siècle. Elle pourrait être l’une des plus anciennes, proche des fresques de l’Église de la Transfiguration-du-Sauveur du monastère de la Miroja ou de l’Église de la Transfiguration-du-Sauveur-sur-Néréditsa. Elle représente Élie, un prophète majeur dans les religions abrahamiques. C’est une icône jitié dont les polés racontent la vie du prophète. Elle date du milieu du XIIIe siècle.

Particularités

Le style de l’icône est archaïque. Le visage du prophète est allongé et austère. Le fond argenté et les couleurs utilisées (olive, vert, orange, rouge) sont typiquement pskoviennes et diffèrent des couleurs et des fonds dorés utilisés plus souvent par les peintres de Novgorod[1].

Le prophète médite dans un désert montagneux ; il écoute attentivement la voix de Dieu [2]. Au-dessus de lui, une déisis à sept personnages en buste occupe la partie supérieure de l’icône. C’est une des plus anciennes déïsis de l’art russe. Elle remonte à la tradition byzantine. Une série de saints est placée sur les côtés de l’icône avec également des scènes de la vie du prophète. Le visage d’Élie est tout de douceur et de simplicité. Ses traits, d’une particulière beauté, sont bien individualisés. Cette approche individuelle du sujet par l’artiste est un trait particulier des icônes de Pskov. Les kleimos présentent différents types de paysages et d’architectures. Ils sont mis en valeur par des couleurs roses, rouges, cinabres, qui contrastent avec les violets, les bleus, les verts. Ces couleurs donnent à la composition une rare force intérieure ainsi qu’un dynamisme puissant. C’est en même temps une icône très pittoresque, avec un rythme naturel et une logique décorative[3].

Elle proviendrait de l’église du Prophète Élie dans la paroisse de Vybouty (ru) située à 12 km de Pskov. Elle se trouve aujourd’hui à la Galerie Tretiakov à Moscou.

Détail des polés

Références

  1. Véra Traimond, La peinture de la Russie ancienne, Bernard Giovanangeli Éditeur, Paris 2010, (ISBN 978-2-7587-0057-9) p. 302
  2. http://bible.catholique.org/premier-livre-des-rois/3910-chapitre-19 [archive] / I Rois XIX, 9-13
  3. Véra Traimond Op. cit p. 304

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