Histoire de la peinture Norvégienne
La peinture en Scandinavie |
Norvège. L’école de peinture norvégienne est toute moderne. Les tableaux antérieurs au XIXe siècle, de nature religieuse, se rattachent tous à des écoles étrangères et on ne saurait y reconnaître une tradition artistique propre à la Norvège ![]() Adolf Tidemand (1814-1876) et son ami Hans Gude (1825-1903) se rattachent tous deux à l’école de Dusseldorf; leur oeuvre est cependant très personnelle et originale. Les tableaux de Tidemand: Une Noce dans le Hardanger (avec Gude), les Disciples de Hauge, le Vie du paysan norvégien, les Fanatiques, etc., et les paysages de Gude, ont exercé une influence considérable sur l’évolution artistique de la Norvège. H.-A. Cappelen (1827-1852) est un disciple de Gude; à côté de ses paysages romantiques (la Forêt, Vierge mourante), il a laissé une belle collection d’études de grand air prises en Norvège. Près de lui, il convient de nommer le paysagiste réaliste J.-F.-E. Kersberg (1822-1870), qui fonda en 1859 à Christiania (Oslo) une école de peinture, qu’il dirigea jusqu’à sa mort et où se formèrent de nombreux élèves.
Une Noce dans le Hardanger, par Tidemand et Gude (1848). A la même génération appartiennent encore les paysagistes : Morten Müller (1828-1911), Erik Bodom (1829-1879), etc.; les peintres d’histoire Knud Bergslien (1827-1908), P.-M. Arbo (1831-1892), V.-S. Lerche (1827-1892), etc. Si dans les artistes qu’on vient de citer l’influence de l’école de Dusseldorf se fait encore plus ou moins sentir, on ne la retrouve plus chez Carl Sundt-Hansen (1841-1907), le plus remarquable successeur de Tidemand, ni chez Ludvig Munthe (1841-1896), un paysagiste à la manière de la grande école française. D’autres feront encore leurs études à Karlsruhe, à Munich ou à Berlin, mais le plein air et le réalisme ou I’impressionnisme français les séduira de plus en plus, tels sont : Frederik Collet (1839-1914). E. Adelsteen Normann (1848-1918), Oscar Wergeland (1844-1910), J. Grimelund (1842-1917), etc., tous très Norvégiens d’ailleurs par le sujet de leurs tableaux; tels encore, malgré la diversité de leurs talents et souvent, chez un même peintre, la pluralité des manières Otto Sinding (1842-1909), Eilif Peterssen (1852-1928) : Temps d’orage, Vers la mer, Exposition de 1900; Hans Heyerdahl (1857-1913) : Vieux Pêcheur, portrait d’Ibsen, du prince Eugène, etc., Exposition de 1900; Erik Werenskiold (1855-1938) : Enfants pauvres, portraits de Kitty Kielland, d’Ibsen, Exposition de 1900; Christian Krohg (1852-1925) : Coup de détresse, Brisées devant, etc., Exposition de 1900; Fritz Thaulow (né en 1847); Christian Skredsvig (1854-1824) : Villa Baciocchi; d’autres enfin, dont les oeuvres citées ici ont figuré avec honneur à l’Exposition universelle de 1900; Gustav Wentzel (1859-1927) : Enterrement d’un marin à la campagne, Intérieur, etc.; Eyolf Soot (1859-1928) : la Bienvenue; Halfdan Ström (1863-1949) : Jeune Mère, Avril en Norvège, Soir en Norvège, etc.; August Eiebakke (la Table est servie); G. Strömdal, Kitty Kielland, Hariet Bakker, Nils Gude (portrait d’Ibsen), Th. Holmboe, etc. ![]() Mère endormie avec un enfant, par Christian Krohg (1883). On ne saurait, dans cette liste, forcément incomplète mais qui suffit à donner une idée du développement pris par la peinture en Norvège à la fin du XIXe siècle et au début du siècle suivant, omettre ni Edvard Munch (1863-1944), peintre très personnel, plus poète parfois que peintre (l’Enfant malade, Nuit d’été, Angoisse, le Cri, etc.), ni Gerhard Munthe (1849-1929), qui a produit, en s’inspirant des anciens procédés nationaux, une véritable révolution dans l’art de la tapisserie (Sigurd, le Roi et la Paysanne, Illustration des sagas, etc.), ni enfin l’excellent aquafortiste Johan Nordhagen (Arne Garborg, les Vieillards solitaires, portrait de Nansen, etc., Exposition de 1900). ![]() Madone, par Edvard Munch (1895). Suède. Nombreux sont les artistes suédois au XVIIIe siècle en 1735, K.-G. Tessin avait fondé l’Académie des beaux-arts – mais, sauf les deux Lorens Rasch, le père (1702-1766) et le fils (1733-1805), K.-P.-G. Pilo (1711-1793), Pehr Hilleström (1732-1816), le peintre religieux Per Hörberg (1746-1816) et quelques autres qui restent en Suède ![]() Pehr Hilleström, Autoportrait. Le portraitiste K.-F. von Breda (1759-1818) fait la transition entre cette époque et le XIXe siècle. C’est de lui que relèvent les peintres d’histoire, A. Lauréus (1783-1823) et J.-G. Sandherg (1782-1854). Olof Södermark (1790-1848) et G.-U. Troili (1815-1875), son disciple, ont laissé tous deux, et surtout le premier, des portraits d’une rare délicatesse, tandis que leurs contemporains K.-F. Kiörboe (1799-1876), en France et, Egron Lundgren (1815-1875), en Angleterre, se révélaient l’un habile animalier et bon portraitiste, l’autre aquarelliste très vivant et spirituel, et que K.-J. Fahlcrantz (1774-1861), leur aîné, et N.-J. Blommér (1816-1853), excellaient dans la représentation des scènes et de la nature du Nord. Vers le milieu du siècle l’influence des écoles allemandes est très sensible chez les peintres suédois. ![]() Dimanche soir dans une ferme de Dalécarlie, par Amalia Lindegren (1860). C’est à Munich ou à Dusseldorf qu’étudient J. Boklund (1817-1880), le peintre de genre F. Fagerlin (né en 1825), et les paysagistes Markus Larsson (1825-1864) et E. Bergh (1898 -1880). On peut considérer comme se rattachant plus ou moins à la même école : Amalia Lindegren (1814-1891), J.-V. Wallander (1824-1888) et aussi des peintres beaucoup plus jeunes tels que : E. Perséus (1841-1890), G. von Rosen (1843-1923), J. Kronberg (1850-1921) et K. Helleqvist (1851-1890). Vers 1865 cependant, l’influence française commença à se faire sentir; elle est devenue prépondérante à la fin du siècle : Paris a attiré d’abord J.-F. Höckert (1826-1866), qui ouvre la voie et est suivi de A. Wahlberg (1834-1906) : Vue de la côte de Suède, Haute mer, Clair de lune, Bords de l’Oise, Exposition de 1900; Gustaf Cederström (1845-1933) : Funérailles de Charles XII; Nils Forsberg (1841-1934) : la Fin d’un héros, Gustave-Adolphe exhortant son armée à Lutzen. Exposition de 1900; H. Salmson (1843-1894), August Hagborg (1852-1921) : En Dalécarlie, Intérieur, etc., Exposition de 1900; le prince Eugène, fils du roi Oscar (né en 1865) : Nuit d’eté, le Vieux château, Exposition de 1900; Karl Georg Arsenius (1855-1908) : En forêt, etc., Exposition de 1900, etc. ![]() Le Jeu, par August Malmström (1865). Il est plus difficile de rattacher à une école, malgré certaines influences assez apparentes, des peintres aussi scandinaves ou personnels que E. Winge (1825-1896), et August Malmström (1829-1901), parmi ceux de la génération précédente et, parmi les jeunes, Carl Larsson (1853-1919) : Jour de fête, Devant la glace, etc ., Exposition de 1900; Anders Zorn (1860-1920) : Mère, Nuit du 24 juin, Portrait du roi Oscar II, Exposition de 1900; on encore l’animalier Bruno Liljefors (1860-1939) : Grues, Grand Duc, Cygnes, etc., Exposition de 1900, et le portraitiste Oscar Björck (1860-1929) : Portrait du prince Eugène, du comte Wrangel, etc., Exposition de 1900. ![]() Portrait de sa femme et de sa fille, par Carl Larsson (1885). Pour finir, encore quelques noms de peintres ayant presque tous figuré avec distinction à l’Exposition universelle de 1900, cités ici un peu au hasard : Per Ekström (1844-1935) : Soleil du matin, etc.; Robert Thegerström (1857-1919) Crépuscule; G. Albert (Nuit sur la côte), R. Bergh (Portrait d’Eva Bonnier, etc.), G. Fjästad, A. Gerle, O. Hesselbom, E. Jansson, Nils Kreuger, G. et Hanna Pauli, A. Sjöberg, C. Wilhemson, etc. Comme aquafortiste, Axel Hägg (1835 – 1921) s’est acquis une grande réputation. Dans l’illustration, C. Larsson, déjà nommé, et Vicke Andrén (1856-1930) sont remarquables. (Th. Cart). Depuis 1900. Asger Jorn (Danemark), cofondateur du mouvement COBRA (Copenhague, Bruxelles, Amsterdam), est un représentant de l’art abstrait et de l’expressionnisme dans les années 1940 et 1950. Au cours de la même période, Vilhelm Hammershøi (Danemark), connu pour ses intérieurs tranquilles et ses paysages urbains mélancoliques, est un peintre clé du symbolisme danois. Dans la seconde moitié du XXe siècle, on remarque Per Kirkeby (Danemark) , qui travaille avec l’abstraction et les textures riches, et dont l’influence continue de se lire dans l’art scandinave contemporain. Egalement notable, Karin Mamma Andersson (Suède), avec ses oeuvres narratives et chargées de symbolisme, qui puisent dans les traditions nordiques et l’expressionnisme. Erik Bulatov (Norvège), artiste conceptuel se signale par ses oeuvres combinant des éléments textuels et visuels. Parmi les contemporains, Olafur Eliasson (Islande/Danemark) , artiste reconnu internationalement, utilise la lumière, l’eau et d’autres éléments naturels pour créer des installations immersives et interactives, comme The Weather Project à la Tate Modern en 2003. Le duo d’artistes Elmgreen & Dragset (Danemark/Norvège) est connu pour leurs installations provocatrices et leurs sculptures publiques, comme Prada Marfa au Texas (2005). Ragnar Kjartansson (Islande), artiste performeur et vidéaste, aborde les thèmes de la mélancolie, de la répétition et de la durée. |