Orazio Puglisi

Le beau ! Quoi d'autre ?

Esthétique Chinoise

Esthétique chinoise

 

Temple bouddhique dans les montagnes, copie ancienne d’après Li Cheng.

L’art chinois a une longue histoire d’évolution de styles et conceptions. Dans les temps anciens, des philosophes discutaient déjà de l’esthétique. Confucius (551-478 avant notre ère) a souligné le rôle des arts et des lettres (notamment la musique et la poésie) dans le développement des vertus et le renforcement du li (étiquette, rites), afin de se rapprocher de l’essence humaine. S’opposant à ces arguments, Mo Zi a toutefois fait valoir que musique et beaux-arts étaient coûteux et peu efficaces, bénéficiant aux plus riches, mais pas aux gens ordinaires.

Dans des écrits du IVe siècle avant notre ère, des artistes débattent des buts propres à l’art. Par exemple, trois ouvrages de Gu Kaizhi à propos de théories de la peinture sont connus. Plusieurs ouvrages plus tardifs, rédigés par des artistes lettrés, traitent également de la création artistique. L’influence entre d’une part, la religion et la philosophie, et d’autre part l’art, était commune, mais pas omniprésente ; ainsi à chaque période de l’histoire chinoise, il est possible de trouver des arts qui ignorent largement la philosophie et la religion.

Autour de 300 avant notre ère, Lao Tseu formule des conceptions matérialistes et esthétiques en lien avec le taoïsme et les lois de la nature. Ces conceptions sont en évidente contradiction avec les intérêts de la minorité dirigeante. Le taoïsme influença aussi le feng shui, ou observation des faits de la terre et du ciel, en vue d’une harmonie.

Le représentant le plus important de la transition à l’esthétique chinoise médiévale est le philosophe Wang Chong, au Ier siècle. Il adopte une substance purement matérielle, le qi, comme principe d’une évolution naturelle et comme caractéristique fondamentale de la perception humaine. Il considère ainsi le monde matériel comme source de toute beauté ou laideur ; la vérité artistique relève de la conformité avec les faits.

Cao Pi (187-226) a suivi ces considérations précédentes, toutefois il n’inclut pas seulement les critères de beauté, mais également les formes artistiquesXie He (479-502) concrétise ces idées dans les Six Principes de la peinture : l’expression de l’essence des manifestations de la vie ; l’art de la peinture au pinceau ; l’utilisation des couleurs conformément à la nature du sujet ; la composition ; la concordance de la forme avec la chose réelle ; l’imitation des meilleurs exemples du passé.

Au xie siècle, l’écrivain Su Shi a attiré l’attention sur le rôle de l’inspiration et du talent.

Malgré la multiplicité des réflexions, l’évolution de l’esthétique chinoise dans la période qui a suivi a été fortement entravée par le faible développement des forces productives et la rigidité des relations sociales, dans les formes féodales ou ultérieures.

Les Moines Peintres

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