Orazio Puglisi

Le beau ! Quoi d'autre ?

Cathédrale Saint Bavon

L’Agneau Mystique

L’Adoration de l’Agneau mystique ou Autel de Gand (en néerlandais : Het Lam Gods, littéralement L’Agneau de Dieu), achevé en 1432, est un polyptyque peint sur bois, un chef-d’œuvre de la peinture des primitifs flamands1,2.

Depuis 1986, il est présenté dans l’ancien baptistère de la cathédrale Saint-Bavon de Gand, transformé en chambre forte, à la suite de vols répétés.

Commandé par Joost Vijdt, riche marguillier de l’église Saint-Jean (devenue depuis la cathédrale Saint-Bavon), pour la chapelle privée de sa femme1, le polyptyque est commencé par Hubert van Eyck et terminé par Jan van Eyck après la mort de son frère en 1426. Il est placé le  sur l’autel de la chapelle du commanditaire, dans l’église Saint-Jean. Par la suite, il est déplacé, pour des raisons de sécurité, dans la chapelle principale de la cathédrale.

Le retable représente une « nouvelle conception de l’art », dans laquelle l’idéalisation de la tradition médiévale cède la place à une observation rigoureuse de la nature3 et une reproduction fort habile des effets d’optique.

Le retable est composé au total de vingt-quatre panneaux encadrés qui offrent au spectateur deux scènes différentes, selon sa position ouverte ou fermée, obtenue en repliant vers l’intérieur les panneaux situés à ses extrémités. Le registre supérieur de l’intérieur du retable représente, en rouge, le Christ-Roi ou Dieu le père trônant entre la Vierge Marie et saint Jean-Baptiste. À droite et à gauche de ces trois personnages, des anges chantant et jouant de la musique et, sur les panneaux extérieurs, Adam et Ève. Le registre inférieur du panneau central représente l’adoration de l’Agneau de Dieu par plusieurs groupes de personnes absorbées dans le culte et la prière et éclairées par une colombe représentant le Saint-Esprit.

Les jours de semaine, les panneaux étaient repliés, montrant l’Annonciation à Marie et le portrait des donateurs, Joost Vijdt et sa femme Lysbette Borluut (nl). Les dimanches, les vigiles de fête et jours de fêtes, le retable était ouvert et dévoilait ses panneaux intérieurs.

Une inscription4 sur le cadre d’origine indiquait que Hubert van Eyck maior quo nemo repertus (meilleur que quiconque) avait débuté la peinture du retable, mais que Jan van Eyck — qui se qualifie lui-même de arte secundus (deuxième meilleur dans l’art) — l’avait achevée en 1432, cette date étant contenue dans le dernier vers, « VersV seXta MaI Vos CoLLoCat aCta tVerI », au moyen d’un chronogramme. Le cadre d’origine, richement orné et sculpté sans doute en harmonie avec les entrelacs de la peinture, est détruit pendant la Furie iconoclaste en 1566 ; il est possible que le cadre d’origine ait compris des mécanismes d’horlogerie pour déplacer les volets et même jouer de la musique5.

Le panneau inférieur gauche d’origine, connu sous le nom Les Juges intègres, est volé en 1934. Ce panneau n’a jamais été retrouvé et a été remplacé par une copie faite en 1945 par Jef Vanderveken. Le panneau volé figure en bonne place dans le roman d’Albert CamusLa Chute. En 2010, le journaliste d’investigation néerlandais Karl Hammer (en) publie De grootste kunstroof uit de geschiedenis : het geheim van de verdwenen rechters (Le Secret du panneau sacré) dans lequel il décrit méticuleusement l’implication de plusieurs groupes religieux[Lesquels ?], du Vatican et des services de renseignement britanniques, et leurs tentatives de récupérer le panneau disparu.

Le polyptyque, sans compter les cadres, mesure 3,75 × 2,60 m en position fermée, 3,75 × 5,20 m ouvert et est constitué de dix panneaux de bois de chêne.

 

Le Dyptique s’ouvre (très lentement dans un très beau baptistère) le matin dans une ambiance religieuse, et reste ouvert jusqu’à 17h. En tout cas ce fut ainsi le mardi 3 septembre 2024, où le Dyptique s’ouvrit à 10h25 ! Grande émotion esthétique !!

 

Hubert et Jan Van Eyck

 

Hubert Van Eyck aurait débuté le Tryptique et Jan son frère l’aurait terminé !!!

 

Retable ouvert

Les trois personnages centraux traverse superieure

Les trois panneaux supérieurs, au centre du retable, représentent un personnage trônant de face entre la Vierge Marie à sa droite et saint Jean-Baptiste à sa gauche. L’identité de ce personnage vêtu de rouge n’est pas clairement établie et a donné lieu à de nombreux débats. Selon plusieurs historiens de l’art, il s’agit du Christ en majesté, représenté sous les habits d’un grand prêtre6, de Dieu le père7, ou la Sainte-Trinité représentée par une seule et même personne (le fait que le personnage porte une triple tiare pourrait, selon certains, conférer une certaine crédibilité à cette théorie).

Jésus en Pontife suprême

La Vierge Marie

Jean le Baptiste

 

Anges chanteurs et anges musiciens qui encadrent le Tryptique du haut !

Entourant les trois figures centrales, des anges sont donc représentés, les uns jouant de la musique et les autres chantant. Les vêtements, les instruments et le sol sont peints avec un souci du détail remarquable. Les hymnaires de l’époque fournissent des instructions sur la façon de représenter graphiquement chaque note, ce qui a permis au historiens de l’art — après une étude minutieuse du tableau — d’identifier les notes chantées par chaque ange d’après leurs expressions faciales. De même, l’orgue, devant lequel est assise sainte Cécile, a été peint avec un tel degré de détails que des musicologues ont été capables de recréer une copie conforme de l’instrument, il en est de même pour la harpe représentée derrière l’orgue.

 

Adam et Ève, Abel et Caïn

Les panneaux supérieurs latéraux représentent Adam et Ève (à gauche et à droite respectivement), chacun d’eux tournés en direction des trois personnages centraux. Ils se couvrent de feuilles de vigne, et Ève tient dans sa main un fruit qui n’est pas la pomme traditionnelle, mais bien un etrog (en hébreu : אתרוג), un petit agrume également connu sous le nom de pomme d’Adam9. Adam semble vouloir sortir du cadre, donnant au tableau un aspect tridimensionnel.

Au-dessus d’eux, on peut observer deux scènes en grisaille, la première représente Abel sacrifiant à Dieu le premier agneau de son troupeau et Caïn en agriculteur présentant au Seigneur, une partie de ses récoltes (au-dessus d’Adam) ; la seconde représente l’assassinat d’Abel par son frère Caïn avec une mâchoire d’âne parce que, selon la Bible, Caïn était jaloux que le Seigneur ait regardé l’offrande d’Abel avec faveur et qu’il ait rejeté la sienne. Van Eyck peint ces personnages tels des statues, donnant ainsi de la profondeur à l’image.

Au XIXe siècle, les représentations d’Adam et Ève nus étaient considérées comme inacceptables à l’intérieur d’une église et les panneaux ont été remplacés par des reproductions vêtues, qui sont encore aujourd’hui exposées dans la cathédrale en dehors de la chapelle Vijdt.

 

Panneaux inférieurs intérieurs

Panneaux inférieurs centraux

Les panneaux inférieurs centraux montrent l’adoration de l’Agneau de Dieu, entouré de fidèles alignés les uns derrière les autres attendant de pouvoir adorer l’agneau. Dans le ciel, une colombe, représentant l’Esprit-Saint, illumine la scène. L’agneau est entouré de quatorze anges. Au premier plan, la fontaine de vie se déverse dans une petite rivière, son lit est recouvert de pierres précieuses.

Au premier plan, à gauche, on aperçoit un groupe de prophètes juifs agenouillés, tenant chacun une Bible. Derrière eux, des philosophes et écrivains païens, venus de partout dans le monde comme en témoignent les traits orientaux de certains d’entre eux, ainsi que les différents types de capes et de couvre-chefs qu’ils revêtent. Le personnage vêtu de blanc, avec une couronne tressée, est probablement Virgile, qui est considéré comme un « chrétien avant-la-lettre ». À droite, on distingue les douze apôtres et, derrière eux, plusieurs saints, avec les papes et autres hommes d’Église devant eux. Parmi eux, il est possible de reconnaître saint Étienne, portant les roches avec lesquelles il a été lapidé.

Dans le fond à gauche, on aperçoit les confesseurs de la foi10, tous représentés portant les habits traditionnels du clergé ; et à droite, les femmes martyres. Hommes et femmes tiennent dans leurs mains une palme. Certaines de ces femmes sont reconnaissables par les attributs dont elles sont porteuses.

Papes, cardinaux, évêques, prêtres, diacres et civils martyrs.
Philosophes païens et prophètes juifs..
L’Adoration de l’Agneau de Dieu.
Saintes martyres, vierges consacrées et civiles.
Saints papes, docteurs de l’Église, évêques, prêtres et diacres.

Panneaux inférieurs latéraux

De part et d’autre du panneau central inférieur, d’autres groupes de personnes sont représentés. Les deux panneaux de gauche représentent, d’une part les « Juges intègres », d’autre part les « Chevaliers du Christ », ou « Soldats (au service) du Christ » (Christi Milites) (saints empereurs, rois, princes, généraux …). Sur les deux panneaux correspondant de droite, la cohorte des saints fondateurs d’ordre religieux et des ermites et des saints ; on remarque parmi eux un « géant » par la taille, saint Christophe, martyr et saint patron des voyageurs.

Le panneau inférieur de l’extrême gauche, Les Juges intègres, volé en 1934 (jamais retrouvé11, peut-être détruit, mais des recherches se poursuivent), a été remplacé par une copie par Jef Vanderveken en 1945. Un des restaurateurs du retable constata que le panneau semblait avoir le même âge que le reste des panneaux auxquels il était attaché. Fin 2010 le retable a subi un examen minutieux afin de déterminer si le panneau supposé manquant ne serait pas, en fait, l’original qu’on recherche. Toutefois, rien de formellement concluant n’a pu être déterminé jusqu’ici.

Les Juges intègres,
copie par Jef Vanderveken
Les Chevaliers du Christ (saints princes et saints militaires).
Les fondateurs d’ordres religieux, saints moines et ermites.
La multitude des saints.

Détails

 

Les frères Van Eyck portent une attention particulière autant à la beauté des choses terrestres qu’à l’importance des thèmes religieux. Les vêtements, les bijoux, la fontaine, la nature environnante, les églises et les paysages en arrière-plan, tout est peint avec une extraordinaire précision. Le paysage montre la richesse de la végétation, une végétation qui a la particularité de mélanger des espèces nord-européennes et méditerranéennes. Jan est particulièrement attentif à rendre les effets d’optique et le jeu de la lumière, notamment sur les perles et les reflets sur les cuirasses des soldats, attestant d’une profonde connaissance des travaux théoriques d’Alhazen12.

 

Le Retable fermé

 

L’Annonciation

Le registre supérieur du retable en position fermée représente l’Annonciation à Marie sur quatre panneaux. À gauche, une représentation du message de l’archange Gabriel ; et à droite, la réponse apportée par la Vierge Marie, qui, comme dans une autre version de l’Annonciation de Van Eyck, est écrit à l’envers, afin de permettre à Dieu de la lire13. Il y a eu des spéculations quant à savoir si la vue, depuis la fenêtre, était le point de vue qu’avait Van Eyck depuis son lieu de travail, à Gand, ce qui pourrait nous donner une idée de l’endroit où Van Eyck aurait vécu ou travaillé.

Joos Vijdt et Elisabeth Borluut

Joost Vijdt était un riche marchand installé à Gand. Il était marié à Elisabeth Borluut (nl). Le couple qui n’a pas d’enfants essaye de laisser un héritage, en étant les donateurs de cette peinture monumentale.

Autres panneaux

Entre les portraits des deux donateurs se trouvent saint Jean-Baptiste et saint Jean l’Évangéliste représentés sous la forme de statues sur des plinthes, peints en grisaille. Dans le registre supérieur, les prophètes bibliques Zaccarie et Michée regardent depuis leurs lunettes l’accomplissement de leurs prophéties messianiques, qui figurent sur des banderoles flottant sous eux. Entre eux, se trouvent deux sibylles, dont les prophéties ont — selon la Tradition chrétienne — annoncé la venue du Christ.

 

 

Vidéos Internet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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