Orazio Puglisi

Le beau ! Quoi d'autre ?

Canova

Image mise en avant : Autoportrait, 1790, peinture à l’huile sur toile, 68 × 54,5 cmmusée des Offices.

 

Canova

 

Antonio Canova est un sculpteur et peintre vénitien, né le  à Possagno et mort le  à Venise.

Biographie

Né à Possagno, possession de la république de Venise, dans une famille de tailleurs de pierre depuis des générations, il apprend dès son plus jeune âge l’art de la taille du marbre. En 1768, sur la recommandation du sénateur Giovanni Falier, il est placé comme apprenti chez le sculpteur Giuseppe Bernardi (en), à Pagnano (it) (Asolo), avant d’intégrer l’école Santa Marina à Venise.

Après avoir remporté plusieurs prix à l’Académie des beaux-arts de Venise, il y donne successivement plusieurs ouvrages qui le mettent bientôt au premier rang des sculpteurs modernes, et dans lesquels il sait allier l’imitation de la nature avec les beautés idéales à l’antique. Il étudie l’art antique et sculpte, tout au long de sa vie, diverses statues inspirées des mythologies grecque et romaine, ainsi que des cénotaphes, des bustes et des statues en pied de divers personnages célèbres de l’époque. Il est renommé pour la délicatesse de ses sculptures sur marbre. Son œuvre est considérée comme l’archétype de la sculpture néoclassique et a fait l’objet de plusieurs études de Mario Praz.

 

 

Il consacre une bonne partie de sa fortune que lui valait son art à des activités de bienfaisance ou de soutien à de jeunes artistes ou d’artistes dans le besoin.

Il pratique également la peinture avec succès. Appelé plusieurs fois à Paris par Napoléon, il revient en 1815, chargé par le pape de présider à la reconnaissance et à la translation des monuments enlevés à Rome et que réclame le gouvernement pontifical en application des clauses du Congrès de Vienne. Il est chargé de négocier avec Dominique Vivant Denon la restitution, par la France, des œuvres d’art italien volées par l’armée napoléonienne. Il est anobli et reçoit un certain nombre de distinctions honorifiques.

 

À sa mort en 1822, son cœur est déposé à l’église vénitienne Santa Maria Gloriosa dei Frari, dans un monument funéraire de sa propre création, bien qu’il l’eût originellement dédié au peintre Titien. Sa dépouille, quant à elle, est inhumée à Possagno, dans le Tempio Canoviano (it) où est enterré également son frère.

Œuvres

Ses principaux ouvrages sont : Thésée luttant contre le Centaure au Kunsthistorisches Museum de Vienne ; le Mausolée de Clément XIII, dans la basilique Saint-Pierre ; le Tombeau de Clément XIV, en marbre, dans la basilique des Saints-Apôtres de Rome ; Psyché enfant, debout, tenant par les ailes un papillon posé dans sa main ; le Mausolée d’Alfieri, dans la basilique Santa Croce de Florence ; Washington, pour le sénat de la Caroline, la MadeleineOrphée et EurydiceDédale et IcareAdonis et VénusEndymionVénus Victrix (Pauline Bonaparte), Polymnie (Élisa Bonaparte), etc.

Cet artiste se distingue par la pureté des contours, l’élégance des formes, la sagesse de la composition, l’expression des physionomies, l’habileté à donner au marbre le poli et le moelleux de la nature vivante ; quelques-uns lui refusent la vigueur et l’originalité. Il était associé étranger de l’Institut de France.

Son Œuvre a été publiée en 1824 par Étienne Achille Réveil et Henri de LatoucheAntoine Quatremère de Quincy a donné une Étude sur Canova et ses ouvrages, et le comte Leopoldo Cicognara sa BiographieVenise, 1825.

 

 

Portraits sculptés et nus féminins

Il fit de nombreux portraits sculptés, soit en buste (Domenico Cimarosa, 1808 ou le pape Pie VII entre 1804 et 1807), mais également en pied où il combine le visage, modelé sur nature, à un corps idéalisé, parfois dénudé et inspiré de l’Antiquité. Son portrait de Napoléon en Mars désarmé et pacificateur, achevé en 1806 où l’empereur figure nu, rappelle effectivement un marbre antique. Il n’a jamais été accepté par son récipiendaire, malgré un entretien qu’eut Canova avec ce dernier en 1810 où il tenta d’expliquer sa démarche esthétique. L’artiste fit cependant plusieurs autres sculptures des proches de Napoléon, dont celui de sa mère (Madame Mère, 18072), dans une posture assise proche de celle de l’Agrippine assise du musée du Capitole, et celui de sa sœur Pauline Bonaparte-Borghèse en Vénus Victrix (1804-1808) ; dans cette œuvre, qui reste l’une des plus célèbres de l’artiste, Pauline est représentée allongée sur un klinê, le corps largement dévoilé. La Galatea, pour laquelle aurait aussi posé Pauline, est une statue qui se trouve dans le musée Demidoff à San Martino et une copie dans le jardin des Mulini (Ile d’Elbe). L’intérêt pour le nu féminin aux poses abandonnées est d’ailleurs une constante de son art. Préoccupé par le rendu des chairs et de la carnation, il n’hésitait pas à enduire le marbre d’une fine couche de cire rosée. Il sculptait le corps féminin avec un modelé fin et un souci de délicatesse qui se retrouve dans le drapé, aussi bien de face que de dos.

Les peintures

Se considérant comme un peintre amateur peignant pour son seul plaisir, il s’adonne à cette activité principalement entre 1780 et 1799. Selon l’un de ses biographes, Giuseppe Pavanello, ses peintures de nus féminins lui servaient à mettre au point ses propres canons de la beauté féminine. L’une d’elles, la Vénus au miroir peinte dans le style du Quattrocento vénitien fut vendue par Canova comme une œuvre authentique de la Renaissance3. Une série de vingt-deux toiles monochromes, traitant le thème d’Hercule lançant des flèches sur ses propres enfants, se trouve rassemblée dans sa maison natale à Possagno. Une autre toile traitant le même sujet et conservée au Muséo civico de Bassano fait preuve d’une facture fougueuse et d’un puissant sens dramatique pour traiter le thème de la mort qui tranche avec sa production habituelle, élégiaque et mélancolique4.

Influence et postérité

Si Canova refusait d’avoir des élèves, il fut souvent imité de son vivant et après sa mort. Cependant, en tant qu’artiste officiel, il a connu une certaine désaffection liée à l’entreprise de glorification des Napoléonides. Ainsi, contrairement au jugement de Quatremère de Quincy, David d’Angers qui subit son influence dans sa jeunesse, critique la mollesse de ses œuvres et refuse de voir en lui le continuateur des Grecs7. Cependant, l’historienne de l’art et directrice de l’Académie des Beaux-Arts de Venise Elena Bassi, à travers l’étude de dessins, esquisses et peintures de Canova, révèle une personnalité singulière se détachant de la production de ses contemporains8.

Les artistes David d’AngersRudeBarye ou Daumier n’ont pas suivi Canova, ils en ont pris le contre-pied. James Pradier peut en revanche être considéré comme son continuateur.

Collections publiques

Œuvres dont les dates restent à préciser :

Persée tenant la tête de Méduse, 1804-1806, musée Pio-ClementinoVatican

Œuvres datées :

Monument de l’archiduchesse Marie-Christine, Église des Augustins, Vienne

 

 

 

 

 

Psyché ranimée par le baiser de l’Amour 1793

Juliette Récamier en Béatrice, 1818-1822, musée des beaux-arts de Lyon.

Il est possible d’attribuer également à Antonio Canova une peinture (huile sur toile) intitulée L’Enlèvement d’Europe (d’après Véronèse), conservée au Musée régional de Rimouski (Québec), sur la base d’une signature restant à authentifier.

Hommages

Canova joue un rôle dans le roman de Frédéric Vitoux Sérénissime (1990).

En astronomie, est nommé en son honneur (6256) Canova, un astéroïde de la ceinture principale découvert en 196010.

Notes et références

  1.  Collection d’autoportraits du Musée des Offices(it) Wolfram Prinz (et aut.), « La collezione di autoritratti : Catalogo generale », dans Gallerie degli Uffizi, Gli Uffizi, Florence, Centro Di,  (1re éd. 1979), 1211 p. (ISBN 88-7038-021-1)p. 827.
  2.  Statue exposée dans la Galerie de Bal du château de Compiègne.
  3.  La Trilogie de Canovap. 24.
  4.  Ibid., p. 60-61.
  5.  « Compianto sul Cristo morto – Olio su tela [archive] », sur archiviodellacomunicazione.it (consulté le ).
  6.  « Venere pudica – Olio su tela [archive] », sur archiviodellacomunicazione.it (consulté le ).
  7.  Ibid. p. 13
  8.  « Canova – antonio (1757-1822) [archive] », sur Gérard HUBERT, « CANOVA ANTONIO – (1757-1822) ». In Universalis éducation [en ligne]. Encyclopædia Universalis, consulté le 2 mai 2017. Disponible sur http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/antonio-canova/ [archive] (consulté le ).
  9.  Hugh Honour, « Danseuse, sculpture de Canova », http://www.gallery.ca/bulletin/num11/honour_res.html [archive]
  10.  (en) « (6256) Canova », dans Dictionary of Minor Planet Names, Springer,  (ISBN 978-3-540-29925-7DOI 10.1007/978-3-540-29925-7_5755lire en ligne [archive])p. 521–521

Annexes

Bibliographie

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Thème par Anders Norén