Pour que le complotisme se hausse à une vision globale de l’Histoire, il fallait que se produise un grand bouleversement qui paraisse inexplicable.
Telle est la Révolution française : un événement qui en moins de trois ans balaie la plus ancienne monarchie d’Europe, dont personne n’arrive à freiner le cours ni à stopper la radicalisation, qui voit la France, réduite à ses seules forces, parvenir à tenir tête aux coalitions européennes, et bouleverse finalement presque toute l’Europe continentale.
Comment rendre compte de cet événement – de cette catastrophe, pensent les hommes qui lui sont hostiles ? Joseph de Maistre, dans ses Considérations sur la France (1796), estime que l’action de Dieu est derrière tout cela : la France était selon lui le pays le plus influent de la chrétienté, elle a « démoralisé » l’Europe en diffusant les Lumières, elle est donc punie afin qu’elle retrouve le chemin du catholicisme.
L’abbé Barruel est un jésuite. Il a connu en mars 1764 l’expulsion des jésuites décidée par Louis XV, et la suppression de l’ordre en 1773 par le pape Clément XIV. À l’été 1774, il est devenu précepteur des princes saxons. Cultivé, il aime la littérature, mais la Révolution, dont il suit les débuts en France, lui permet de développer sa véritable vocation de polémiste. Comme une grande moitié des catholiques, il refuse la Constitution civile du clergé, puis quitte la France lorsque la monarchie s’effondre, le 10 août 1792, et se réfugie en Angleterre.
À partir de 1798, il fait paraître ses Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme (5 volumes et deux volumes abrégés, 1798-1799) présentant la révolution comme le résultat d’un complot maçonnique, idée qui avait déjà été développée par l’Écossais John Rodison en 1797.
La « conspiration », pour reprendre le terme qu’il utilise, a d’abord été celle de Voltaire, Diderot, d’Alembert et Frédéric II. Puis elle a gagné les milieux de la franc-maçonnerie (qui s’est développée au XVIIIe siècle) par le biais des « Illuminati » de Bavière. Elle vise à supprimer le christianisme et la royauté, pour aboutir au triomphe des idées cosmopolites des Lumières.
Mais qui sont les fameux Illuminati ? Il s’agit d’un ordre, d’une société secrète diffusant les idées radicales des Lumières (d’où son nom) fondée par le professeur de droit Adam Weishaupt (1748-1830). En 1776, il ne s’agit encore que d’un regroupement de ses anciens élèves. Mais des relations maçonniques de Weishaupt le structurent en un véritable ordre qui est reconnu en 1782 par la franc-maçonnerie. Il s’étend jusqu’à compter environ 300 membres. En 1785, l’ordre est interdit par les autorités bavaroises, en même temps que l’ensemble de la franc-maçonnerie est réprimé en Bavière, et Wesphaupt doit passer en Saxe.
Pour Barruel, l’histoire des Illuminati ne s’arrête pas en 1785. Ils subvertissent et dominent l’ensemble de la franc-maçonnerie, engendrant les Jacobins. Mirabeau et La Fayette, ne sont que leurs instruments…
L’œuvre de Barruel nous permet de saisir quelques-uns des traits du complotisme : le complotisme part souvent de faits réels, de constats de détail. Mais il en grossit démesurément la portée. Il existe bien dans la société pré-révolutionnaire, des réseaux, des sociétés parfois secrètes, des clubs, qui créent des solidarités et qui diffusent une idéologie. La franc-maçonnerie, comme les Académies de province, tout ce que l’on appelle depuis Augustin Cochin les « sociétés de pensée », ont bien été des lieux de diffusion des idées des Lumières. Depuis les travaux de Daniel Mornet dans l’entre-deux-guerres, l’histoire culturelle a été très attentive aux canaux de diffusion des idées nouvelles non seulement dans les élites, mais dans des secteurs plus larges de l’opinion (Roger Chartier).
Chaque fois que la pensée complotiste découvre un lieu où s’échange des idées, et où des membres de l’élite politique, administrative ou culturelle se retrouvent, elle en déduit l’existence d’un complot. Quand l’abbé Barruel lit une lettre de Voltaire à d’Alembert (1761) dans laquelle le philosophe souhaite que Frédéric II protège une petite colonie de philosophes qui s’installeraient à Clèves pour y écrire à l’abri de toute censure, il y voit les débuts de la conspiration révolutionnaire.
Chaque citation est interprétée comme un indice révélant une réalité volontairement dissimulée. Et cela d’autant plus que les circonstances ne pèsent rien, car l’Histoire est toute entière déterminée par l’action de groupes organisés. On peut citer la préface du premier volume des Mémoires : « Dans cette Révolution française, tout jusqu’à ses forfaits les plus épouvantables, tout a été prévu, médité, combiné, résolu, statué ; tout a été l’effet de la plus profonde scélératesse, puisque tout a été préparé, amené par des hommes qui avaient seul le fil des conspirations longtemps ourdies dans des sociétés secrètes, et qui ont su choisir et hâter les moments propices au complot. » (p. XIV.)
Certes, l’histoire de la franc-maçonnerie est bien celle d’une société qui a eu de l’influence, qui regroupait des opposants au régime en place, puis, sous la Troisième République, d’une structure de concertation des républicains (surtout radicaux) tant qu’il n’y a pas eu de partis politiques vraiment structurés (ils apparaissent en France avec la loi de 1901) ; la maçonnerie fonctionne comme une sorte de « lobby » laïque parmi d’autres à partir des années 1870, constat que l’on peut aisément documenter. La spécificité du complotisme consiste à lui accorder une homogénéité et une organisation parfaite autour d’un projet stratégique ultra-déterminé, ainsi qu’une toute-puissance absolue. À sa place dans l’histoire de la sociabilité politique et d’une histoire de l’opinion, la franc-maçonnerie offre un piètre Deus ex machina de l’Histoire.
Le dévoilement d’une histoire secrète fascine, et il est bien utile à l’économie Interne du complotisme : la disparition des Illuminati en 1785 en fait un acteur fantasmatique idéal. Et dans ce fantasme, se mêlent intimement réalité et fiction. Le romancier Dan Brown fait ainsi paraître en 2000 Anges et Démons, et contribue puissamment au « retour » des Illuminati, qui cette fois veulent faire sauter le Vatican. Parallèlement, les Illuminati sont devenus sur Internet les acteurs non plus de la Révolution, mais de la mondialisation, autre phénomène bouleversant le monde que nous connaissons et dont l’explication est longue et complexe…
Ce texte tristement célèbre offre l’exemple de la difficulté de réfuter les falsifications historiques, dès lors qu’elles servent les passions haineuses. L’ouverture des archives soviétiques (1992) a permis de connaître de manière assez détaillée l’histoire de ce texte (voir en particulier le livre de Pierre-André Taguieff), publié en Russie, d’abord en extraits en 1903, puis intégralement en 1905 et 1906. Les Protocoles se présentent comme des comptes rendus de réunions secrètes rassemblant de grands personnages juifs échafaudant des plans de domination mondiale.
Ils ont été écrits à Paris en 1901. L’auteur en est Mathieu Golovinski, agent russe, qui agit sur l’ordre du chef du bureau à l’étranger de l’Okhrana, la police politique du Tsar. Il s’agit de combattre l’influence du ministre russe des Finances Serge Witte, jugé trop libéral par la faction la plus conservatrice du gouvernement, et d’influencer le Tsar en montrant qu’il existe un complot judéo-maçonnique dont Witte serait l’instrument.
Golovinski, qui a terminé sa vie en fonctionnaire du jeune État bolchévique (ce qui a permis de retrouver ses papiers et de découvrir qu’il était l’auteur des Protocoles), s’inspire principalement d’un pamphlet de Maurice Joly publié en 1864 à Bruxelles, intitulé Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, et qui critiquait la politique de Napoléon III.
Ce texte décrit un plan de domination mondiale utilisant aussi bien la démocratie et le capitalisme que la guerre et la révolution. À court terme, ce « document » ne sert pas les projets de ceux qui ont commandé son élaboration. Le ministre des Finances Witte ne démissionne qu’en 1903, parce qu’il s’oppose aux projets de guerre contre le Japon. Mais sa publication lui donne une grande postérité.
Les soupçons quant à son authenticité existent cependant. Il faut dire que sur le simple plan de ce qu’on appelle la critique Interne des sources (celle qui s’attache au contenu), la forgery de Golovinski prête le flanc : un groupe influent aussi secret, animé d’aussi noirs desseins, dressant un compte-rendu de ses réunions, cela paraît à première vue étrange… et même dans les milieux antisémites, certains ont des soupçons. Cela n’empêche pas le Times (malgré un recul ultérieur) de mentionner ce mystérieux document, ni l’industriel américain Henry Ford d’en assurer une large diffusion. C’est en 1938 qu’un Jésuite belge, le père Pierre Charles, met en évidence dans une série d’articles la reprise du texte de Maurice Joly et montre que les Protocoles, dont on ignore alors encore le véritable auteur, ont été forgés de toutes pièces.
Adolf Hitler était persuadé de l’authenticité des Protocoles, tant l’idée d’un complot juif mondial était structurante dans sa pensée. Le conflit israélo-palestinien a relancé la diffusion de ce texte dans le monde musulman. Et l’on rencontre encore sur Internet des « démonstrations » d’une authenticité pourtant réduite à néant depuis longtemps.
Nous saisissons ici des modes de fonctionnement de la pensée complotiste :
- L’interprétation commande le fait. Dès lors qu’il y a complot, on trouvera des indices, et parce qu’il y a complot, la validité de ces indices sera contestée. Et le fait même que l’on conteste cette validité peut devenir, dans l’esprit des tenants du complotisme, une preuve du complot.
- La contamination entre l’univers de la fiction (car le pamphlet de Maurice Joly est bien une sorte de conte philosophique) et celui de la réalité. C’est cela qui ouvre au complotisme une porte d’entrée dans la culture adolescente et dans la culture de masse qui se veut distrayante.
- L’importance du « tout se passe comme si » : la fondation de l’État d’Israël est aux yeux de certains antisionistes une preuve de l’authenticité des Protocoles, et dès lors les preuves de la forgery sont pour eux irrecevables.
Comme l’a bien montré Raoul Girardet il y a longtemps déjà, les fantasmes de conspiration sont un des horizons (heureusement pas le plus fréquenté) de la politique moderne. Certaines forces politiques recourent volontiers à une vision complotiste du monde, qui cible des adversaires (on sait qu’il est bien plus facile de rassembler « contre » que de rassembler « pour ») et mobilise la peur et la haine, passions puissantes. Mais à vrai dire, ce n’est pas principalement des franges extrémistes du monde politique que vient le complotisme que nous trouvons aujourd’hui parmi nos élèves, quand bien même certaines savent récupérer cette sensibilité.
Le complotisme contemporain est avant tout un phénomène culturel, quand bien même il a des incidences politiques. Stéphane François met en relation la contre-culture américaine qui commence à se développer dans les années 1950 et la montée de thèses complotistes. Il ne s’agit bien sûr pas d’une assimilation, tant les branches de cette contre-culture et les thèmes qu’elle brasse sont divers. Mais il montre en particulier dans le cas de l’ufologie comment on en vient, après les démentis officiels dans l’affaire de Roswell, à une perception complotiste de la réalité dans certains milieux. Le complot vise alors à dissimuler au monde l’existence d’extra-terrestres. La célèbre série télévisée X-Files (1993-2002) exploite avec talent l’idée d’un monde officiel apte à masquer la réalité. La fiction est, avec Internet, le biais par lequel certains courants de la contre-culture, qui se nourrissaient d’une marginalité contestataire, deviennent des éléments de la culture de masse.
Le coefficient Internet est fondamental, et d’une certaine manière, l’essor du complotisme correspond à l’entrée dans la « société de l’information ». La possibilité pour chacun de devenir producteur d’information (qui est par ailleurs un formidable progrès) permet aussi la propagation rapide de rumeurs, de raisonnements approximatifs, d’images détournées ou truquées, dont la consommation est aisée ou rapide. L’aspect « non officiel » de tout cela devient une garantie supérieure à celles qu’offre le professionnalisme en tout domaine : on échappe au « conditionnement » engendré par les autorités de toute nature. Pourtant, la technique a été plus vite que la culture : un nombre croissant de personnes étrangères à toute forme d’esprit critique se trouvent devenues de puissants producteurs et relais d’information.
Le complotisme est aussi à mettre en relation avec un phénomène perçu par tous depuis les années 1970, et auquel on a donné depuis des noms divers : « crise de la représentation », « crise de l’autorité », « hyper-individualisme », « post-modernité », « culture de l’éphémère », « société de défiance »… Il s’agit de l’érosion de la confiance dans toutes les institutions trans-générationnelles et professionnalisées productrices de normes. État, organisations internationales, presse, partis politiques, syndicats, Église, École en sont tous victimes à des degrés divers. La culture du soupçon s’est généralisée en même temps que l’action collective institutionnalisée était dévalorisée. Il ne nous appartient pas de cerner la portée et les limites de ce phénomène complexe qui touche les sociétés les plus prospères, mais d’en pointer les liens avec le complotisme. Celui-ci ne cesse de dénoncer les médias mainstream (aux États-Unis) ou les « médias officiels » (en France). Ce dernier terme est très révélateur : « l’officiel » englobe en effet les médias privés comme publics, soupçonnés d’être tous de près ou de loin des porte-parole du « système », non seulement aux mains, mais aux ordres des puissants.
La montée du complotisme est enfin à mettre en relation avec le sentiment d’une perte de contrôle de l’Histoire. Ici, c’est un phénomène très ancien qui se radicalise. Depuis la Révolution française, on a vu se développer ce que le sociologue Jean Baechler appelle les « théories de la parenthèse » : nous serions dans une phase de transition entre un ordre ancien qui s’est écroulé et un ordre nouveau à naître. Mais l’aspect fondamentalement instable de la modernité (peut-être au fond l’aspect fondamentalement instable de l’Histoire) a mis à mal ces théories. La seule perspective globale qui se dessine est désormais celle de la mondialisation, phénomène complexe dont les effets sont multiples et parfois contradictoires, et qui, tout particulièrement en France, est anxiogène pour une large part de la population. On pourrait dire que les complotistes, comme l’abbé Barruel face à la Révolution française, cherchent à donner un sens à un phénomène qu’ils redoutent en le ramenant aux manœuvres occultes de quelques-uns.
Pourtant, ces gens qui haïssent souvent la société de consommation sont des consommateurs et le complotisme est un produit qui génère beaucoup de plaisirs : celui d’être parmi les initiés, celui de pouvoir initier d’autres personnes, l’impression de connaître le dessous des cartes, l’impression de comprendre d’un coup le monde qui nous entoure, l’impression d’une revanche culturelle face au monde savant…
La question du complotisme, outre qu’elle est un souci pour de nombreux enseignants, est directement en lien avec la mobilisation de l’école pour les valeurs de la République. En effet, la vision du monde véhiculée par le complotisme met directement en cause :
- La citoyenneté. Si on admet que la citoyenneté se définit par une participation politique, l’inscription dans un ordre juridique et l’adoption d’un certain nombre de comportements prenant en compte l’intérêt général, force est de voir que le premier volet est réduit à néant par le complotisme : toute participation politique devient illusoire, si l’Histoire est le résultat des manœuvres occultes des puissants. La participation politique ne pourrait être que la dénonciation sur Internet, ou, au pire et heureusement dans des cas rares, l’action de type terroriste.
- La démocratie représentative. La tâche essentielle des responsables politiques serait de nous cacher la vérité, ou d’être les hommes de pailles de forces occultes.
- Une presse indépendante et professionnelle. Les « médias officiels » seraient tous des menteurs. L’internaute relayant une vidéo ou interprétant une image en quelques minutes en sait plus que les journalistes. La collecte des « signes » et indices remplace et exclut toute démarche d’enquête.
- La compréhension du pluralisme. La confrontation des opinions dans la sphère démocratique ne serait qu’un masque, une apparence destinée à produire un rideau de fumée. À cela se superpose une vision manichéenne du monde identifiant des ennemis puissants qui méritent d’être combattus par tous les moyens.
- La place de l’État. Pour les complotistes, celui-ci n’est aucunement émancipateur et ne représente pas l’intérêt général.
Les enseignants eux-mêmes et l’institution scolaire dans son ensemble : eux-mêmes sont des « officiels ». Pour nombre de complotistes jeunes, ils sont trop « vieux » pour avoir eu accès à la « véritable » information.
Le développement du désir de se documenter et de s’informer de la manière la plus large et la plus rigoureuse possible est sans doute la réponse de long terme la plus efficace. C’est aussi la voie la plus difficile : le complotisme séduit une partie de nos jeunes précisément parce qu’il permet de se dispenser de ce travail patient du rassemblement de l’information et du choix de l’interprétation la plus honnête. La méthodologie de l’histoire-géographie, bien expliquée et bien pratiquée, est un puissant remède. Il en est de même de la connaissance historique et géographique du monde contemporain, avec cette limite : le complotisme est une contre-culture par rapport à la culture scolaire, portée par la fronde adolescente. On est donc là encore dans la réponse de long terme, mais il importe que le professeur soit capable de poser le réel. Il doit démontrer en permanence que lui-même construit un savoir historique et géographique à partir d’informations fiables et vérifiées, et qu’il aide ses élèves à faire de même.
La distinction entre les faits et l’interprétation est primordiale. Elle est le point commun entre l’historien et géographe rigoureux, le journaliste sérieux, et l’enquêteur policier et judiciaire (rappelons que le premier sens du mot « historia » est « enquête »). Le respect des faits, c’est ce qui permet de construire et de discuter une interprétation. Ici, on peut critiquer la démarche complotiste où le fait est réduit à l’indice (l’exemple des spéculations des internautes sur l’aéroport de Denver à la décoration étrange est particulièrement éclairant.
La distinction entre fiction et réalité contribue elle aussi à poser le réel. Pour cela, les historiens-géographes ne sont pas seuls. Les lettres, par exemple, fournissent un bon appui. Voici un exemple de démarche que l’on trouve dans la presse : un enseignant d’histoire-géographie et une enseignante de lettres se sont lancés dans l’analyse de vidéos et de textes complotistes que les élèves peuvent trouver et partager sur les réseaux sociaux, en soulignant l’omniprésence, par exemple, du conditionnel, l’utilisation de bandes-son musicales…
Nous sommes, aussi face au complotisme, les ambassadeurs du recul critique. Le complotisme est porté par la peur de l’avenir, le désir confus de l’apocalypse (très fort dans la culture adolescente contemporaine), et offre, sous les apparences d’un dévoilement de la réalité, une fuite inconsciente dans l’imaginaire pour ne pas faire face au monde tel qu’il est. Nous ne devons pas seulement poser le réel, nous devons prôner aussi une attitude raisonnable face au réel qui suppose que l’on prenne le temps d’examiner, de s’informer, de confronter des informations, de comprendre avant de juger, et aussi que l’on prenne du recul par rapport aux haines, aux passions, aux préjugés de toute nature. Le complotisme naît au croisement de la défiance et de la peur, et en cela le positionnement des enseignants est fondamental. À la hâte du consommateur de complotisme sur Internet, nous devons opposer la durée et la patience. Quand nous affirmons que les valeurs de la République sont les conditions du vivre-ensemble, nous ne faisons rien d’autre que de poser un cadre durable ou chacun peut prendre le temps de réfléchir.
Travail initié par Thierry Puigventos, IA-IPR, Amiens
Documentaires et émission TV
- Les protocoles de la rumeur, documentaire de Marc Levin (États-Unis, 2006).
- La vérité est ailleurs. La véritable histoire des Protocoles des Sages de Sion, documentaire de Pierre-André Taguieff et Barbara Necek, 53 minutes (France, 2008).
- Philosophie sur Arte, Raphaël Enthoven le 20 Mai 2012 sur la « conspiration ».
Bibliographie
- Gérald Bronner, professeur de sociologie à l’université Paris-Diderot, La Démocratie des crédules, Presses universitaires de France, 2013.
- Olivier Dard, La Synarchie : le mythe du complot permanent, Perrin, 1998.
- Christine Gaudin, Eric Saunier (dir.), Franc-maçonnerie et histoire : bilan et perspectives, Actes du colloque international et interdisciplinaire, 14-16 novembre 2001, Rouen, Publications de l’université de Rouen, Le Havre, 2003.
- Raoul Girardet, Mythes et mythologies politiques, Paris, Seuil, 1986.
- La Foire aux Illuminés. Esotérisme, théorie du complot, extrémisme, Éditions Mille et une Nuits, 2005.
- L’Imaginaire du complot mondial : aspects d’un mythe moderne, Éditions Mille et une Nuits, 2006.
- Pierre-André Taguieff, Court traité de complotologie, Éditions Mille et une Nuits, 2013.
- Emmanuel Taieb, « Logiques politiques du conspirationnisme », paru dans la revue Sociologie et sociétés (Presses de l’université de Montréal), vol. 42, n° 2, 2010, p. 265-289. Il est disponible en intégralité sur Erudit.org.
Quelques références Internet
Auteur du dossier, Jérôme Grondeux – IGEN.