Image mise en avant : Head of a Bearded Man, looking right
Les dessins de Parmigianino au Louvre, une plongée dans le processus de création du peintre
Le parcours de l’exposition s’appuie sur les déplacements géographiques de Parmigianino au gré des commandes reçues, dans une Italie en proie aux conflits. De Parme à Casalmaggiore en passant par Rome et Bologne, Parmigioanino va diffuser une esthétique fondée sur des formes classiques, qui portera à son paroxysme la notion d’idéal. En effet, comment dépasser la force expressive de Michel-Ange ou la grâce de Raphaël ?
Elevé dans une famille d’artistes respectés de Parme, le « petit Parmesan » aurait été confié au Corrège qui était alors le peintre de la ville le plus engagé dans les idéaux de la Renaissance. Les formules souples, sensuelles et solaires du maître constituent un socle solide dans sa quête du raffinement extrême. Les études à la plume de sa première période d’activité montrent déjà des contours légers, des hachures fines et claires, une lumière sur les corps suggérée par des espaces vacants, des ombres subtilement dégradées. En témoigne cette Tête d’une enfant regardant vers le bas dans laquelle Parmigianino a annoté le sentiment qu’il cherchait à exprimer : « pudicizia » (pudicité).
En 1524, Parmigianino part pour Rome. Il y découvre les vestiges de l’Antiquité, mais surtout les œuvres de Michel-Ange et de Raphaël, véritable choc esthétique. Il commence alors à élonger les proportions des figures, les lignes deviennent sinueuses, les gestes théâtraux. A Rome Parmigianino s’intéresse particulièrement à la technique de la gravure notamment à l’eau-forte qu’il met en pratique. Il s’associe au buriniste Gian Giacomo Caraglio qui grave son célèbre Diogène. Plusieurs dessins au pinceau sur un trait de pierre noire révèlent également ses recherches auprès d’Antonio da Trento dans la technique de la xylographie en chiaroscuro (l’impression successive de plusieurs bois gravés portant des couleurs et des tons différents).
Lors du Sac de Rome en 1527, l’artiste se réfugie à Bologne accompagné des graveurs qui l’entouraient à Rome. Il peut ainsi continuer à exprimer avec justesse l’accord parfait du trait (grâce à la gravure à l’eau-forte) avec la couleur (rendue possible par le chiaroscuro). Dans cette deuxième ville de l’Etat de l’Eglise, Parmigianino reçoit la commande d’un Saint Roch pour la chapelle Monsignori de la basilique San Petronio. Pour préparer ce tableau votif, Parmigianino réalise de nombreuses études. La multiplicité des dessins préparatoires souvent retrouvés recto-verso des feuilles, montrent le foisonnement d’idées de l’artiste et leur évolution dans la conception d’un projet de peinture.
Pour La Madone au long cou (ou Madona dal collo lungo) commandé par Elena Baiardo pour orner la chapelle funéraire de son époux dans l’église Santa Maria dei Servi à Parme, un ensemble d’une cinquantaine de feuilles, dont une douzaine conservée au Louvre, permet de découvrir les différentes phases de création de l’artiste.
Son parti initial était de représenter, de façon traditionnelle, une Sainte conversation avec la Vierge à l’Enfant entre saint Jérôme et saint François.
Dans le tableau conservé aujourd’hui à la Galleria degli Uffizi à Florence la composition est beaucoup moins conventionnelle. Elle s’articule autour du groupe principal de la Vierge et l’Enfant avancé au premier plan et flanqué à gauche par des anges ; tandis que les deux saints, traités à petite échelle, sont relégués au fond de la scène à droite. Soucieux d’offrir un résultat parfait…l’artiste ne parviendra jamais à achever sa toile.