Saviez-vous que nous sommes tous des créateurs d’entreprise ? Oui, le premier des projets c’est bien nous-même ! Dès le premier souffle nous initions notre propre vie et garder l’élan primordial est la base de tout succès. Contre vent et marée devenir soi, rester soi et peut-être plus encore…L’énergie de vie c’est la volonté d’entreprendre. Ne pas s’éloigner, rester profondément enraciné en soi est la seule clé d’un véritable épanouissement. Qui d’autre que vous peut-être vous-même ?
« Etre soi, rester soi-même, c’est « être au centre de soi-même » ».
La création d’une entreprise, est-elle si éloignée de la construction de soi-même ? L’objectif d’une entreprise, est clair : le profit ! Mais est-ce le véritable but ? Le lieu commun « l’argent n’est qu’un moyen » est et doit rester une vérité. Peut-il en être autrement ? On ne voit que trop les méfaits de l’argent devenu « objet pour lui-même ». Mais de quoi est-il le moyen ? L’échec sera notre unique horizon, tant que nous n’aurons pas une conception plus élargie, donc plus sérieuse de la monnaie et donc de l’objet de toute entreprise. Pour peu que l’on y réfléchisse, rien de fondamental ne peut surgir d’une vision si restreinte (l’argent pour l’argent). Je m’interroge d’ailleurs sur les résultats que l’on peut escompter d’un outil utilisé à contre sens ? Ne peut-il donner autre chose que des résultats insensés. Oui l’argent n’est qu’un outil et c’est une évidence. Mais un outil pour quoi alors ? Eh bien « il me semble » qu’il doit oeuvrer pour l’éthique en ce sens qu’il représente depuis toujours la condition des échanges entre les hommes.
« L’argent est un outil pour l’éthique ! »
« L’éthique est le fondement même des relations humaines !»
Depuis longtemps, les penseurs les plus divers, les églises même avec leur condamnation de l’usure ont réfléchi sur la place de la monnaie dans les échanges au sein de toute société. L’idée est simple ; il faut qu’elle reste au service du bien commun. Voilà selon moi le développement « raisonnable » de toute démarche entrepreneuriale sérieuse.
« Je gagne de l’argent pour pouvoir travailler » Salvador Dali !
Que recherchait Dali, que poursuivons nous ? Voilà un mystère et chacun a sa réponse…et pour ma part l’objet de cette quête va de soi, l’esthétique qu’il soit matériel ou moral.
« Un sous-objectif ne peut donner naissance qu’à des sous-résultats. »
La démonstration vaut donc pour le développement harmonieux et sain de tout individu. Peut-on imaginer un seul instant une personne qui n’aurait pour objectif que sa seule satisfaction dans l’indifférence du monde qui l’entoure ? Et même si nous avons tous rencontré des personnages de ce type, ce n’était pas sans remarquer dans l’instant leur pauvreté manifeste. Doit-on encore rappeler que la richesse c’est le partage ? Abreuvons-nous de ce paradoxe si savoureux « plus je donne plus je m’enrichis ».
« L’échange est la seule énergie gratuite illimitée et non polluante ! »
Si ce constat paraît pour certains relever d’un certain romantisme, il me semble pour ma part qu’il n’en est rien. Le partage, les échanges, le commerce sont parties intégrantes (structurantes) de l’activité humaine. Que ce soit sur le plan matériel ou humain les hommes échangent. Qui peut nier cette évidence ? Vivre c’est être en lien et nous aurions tous à gagner en nous interrogeant sur la qualité relationnelle de nos sociétés actuelles. Je crois de plus pour rajouter au fait que cette « vérité » n’est pas qu’utopique, que tout projet respectueux de ses partenaires et de l’environnement est le gage d’une action saine, responsable et donc pérenne.
« Si nous ne vivons pas l’idéal que vivons-nous ? »
Pour l’heure, que ce soit entre individus, entre pays ou toute autre entité, le cynisme semble l’emporter ! Il est le mal de tous les temps et me parait être la source de la crise morale que nous traversons.
A ce titre, ne constatons-nous pas dans nos sociétés « avancées », un malaise, un manque, un vide. Nombre d’entre nous chaque jour, de plus en plus ressentons une insuffisance. En mal d’aise, le mal-être est croissant ! Assoiffés, nous recherchons qu’on le sache ou non une eau fraîche, vivifiante, « une vie de sens ». Le mal est profond car le manque de réponse est grand.
« La souffrance vient d’un manque, d’une perte de valeurs ! »
Les besoins fondamentaux de tout humain sont d’ordre spirituel, éthique et esthétique. La similitude de ces deux derniers termes n’est-elle pas frappante !! Qui n’a jamais ressenti, cette insatisfaction sourde à l’origine obscure, alors que toutes les conditions extérieures seraient propices au plus parfait des bonheurs ? Oui il y a un mal profond, l’eau fraîche est rare. Nous avons besoin de vivre dans l’harmonie, le problème et la solution sont là ! Harmonie avec soi, avec les autres dans un monde d’harmonie. L’action juste, le dire juste, le vivre juste sont le fondement de l’harmonie.
« Tout mouvement contraire est briseur d’harmonie ! »
D’autres diraient que l’harmonie c’est l’ordre, non pas le sous ordre des tyrans, mais celui généré par la vision correcte d’un monde qui demande une action conforme…d’autres encore parleraient à juste titre de respect, de soi, de l’autre et du monde dans lequel nous vivons. A ce titre, ne devons-nous pas identifier et bannir tout comportement subversif ? Notre besoin fondamental est d’agir en conformité avec les exigences de respect de notre environnement physique et psychologique.
« Le monde extérieur nous préservera à la mesure du respect que nous lui témoignerons ! »
L’argent n’en est-il pas une belle illustration. Avons-nous encore la curiosité de s’interroger sur sa place et son utilisation dans nos groupements humains ?
« Dis-moi comment tu utilises ton argent, et je te dirai qui tu es ! »
Une entreprise est sujette à la même problématique, elle ne peut être qu’un outil au service des individus. Elle est avant tout une entité, un projet pour et avec des individus. Une personne qu’elle soit physique ou morale ne peut s’épanouir, que dans la dignité et la responsabilité. L’expression « personne morale » comme appellation juridique d’une entreprise, n’est-elle pas révélatrice de l’intention première ?
« Voilà la clé, concevoir et agir éthiquement ! »
L’intention en effet, est fondamentale, elle instille l’ensemble du projet dans ses moindres expressions. Une impulsion ambitieuse dans la prise en compte de la complexité des exigences externes donnera à coup sûr un résultat vertueux !
Pour Anne Salmon, Professeur de sociologie à l’université de Lorraine et chercheuse au Laboratoire Lorrain de sciences sociales. « Le monde de l’entreprise, en interaction incessante avec son environnement, ne pouvait qu’intégrer ces nouvelles exigences ». Pour ma part, il me semble qu’il faut nuancer ce propos dans le sens où l’expression « nouvelles exigences » mérite un développement qui serait initié par cette question. Ne nous serait-il pas plus éclairant de remplacer l’expression « nouvelles exigences », par un retour à une vérité de toujours « le respect » !
« Nous avons simplement oublié une vérité ancienne, rien n’est possible sans les autres et sans le monde qui nous entoure ! »
Par-delà cette précision Anne Salmon continue « le monde de l’entreprise prend conscience depuis quelques années qu’il n’est pas un acteur isolé, et que son impact en interne sur les collaborateurs ainsi que sa responsabilité externe doivent être intégrés dans sa politique générale ». Et même si nombre de projets ont été et sont encore dans une recherche effrénée du profit sans scrupules, aveugle, causant un mal vivre des différents agents s’alliant le plus souvent à une destruction de notre écosystème …nous constatons donc une convergence des exigences éthiques d’individus en quête de sens, avec des impératifs entrepreneuriaux qui se veulent toujours plus responsables.
En conclusion nous pouvons avancer que tout projet humain ne peut connaître le succès véritable que dans le respect de chacun et dans la poursuite d’objectifs basés sur la raison !
Quelle peut-être la place du jeu d’échecs dans cette analyse ?
Quel peut-être son apport dans la dynamique de groupe ? Quelle sont les analogies, comparaisons, et parallèles à établir qui prouverait une quelconque transférabilité de compétences au sein de l’entreprise et de ses acteurs ?
« Le développement des habiletés cognitives de l’enfant par la pratique du jeu d’échecs :
essai de modélisation d’une didactique du transfert. »
Le noble jeu a cette vertu d’engager et il ne peut en être autrement, les qualités les plus hautes. Si les facultés intellectuelles comme la rigueur, la cohérence, la logique, le calcul, la vision géométrique viennent spontanément à l’esprit, sait-on que les qualités dites « féminines » (créativité, imagination, intuition …) sont tout aussi importantes ! Et qui peut soupçonner qu’un caractère fort (maîtrise de soi, patience, capacité à encaisser l’adversité…) est tout aussi indispensable. Nous apprenons donc que tout joueur d’échecs digne de ce nom se doit de solliciter l’ensemble des ressources humaines. Il devra donc se former sur le plan technique et psychologique, s’approprier le bagage de base et forger sa pratique selon sa personnalité. Ce travail exigeant aura on s’en doute un impact sur le développement personnel au sens large, pour une plus grande gratification et efficience du joueur d’échecs.
Autrement dit le travail nécessaire à l’acquisition des « savoirs faire » échiquéens quel que soit son niveau d’expertise, permettra une valorisation du pratiquant dont les différents attributs peuvent être énumérés ainsi :
- Valorisation (Renforcement de l’image de soi !).
- Revalorisation dans certains cas. (Reconstruction de l’image de soi !).
- Efficience /Opérationalité.
- Être au centre de soi pour une utilisation optimale de son potentiel.
- Confiance en soi.
- Adaptabilité.
Tout comme dans une entreprise, un joueur d’échecs pour atteindre ses objectifs devra :
- Tenir compte des contraintes
– Externes
Adversaire pour le joueur.
Marché, concurrence pour l’entreprise.
– Internes
Pratique et travail personnel pour le joueur.
Fonctionnement interne pour l’entreprise.
En synthèse, notre analogie entre le développement entrepreneurial, et le développement d’un individu à travers les échecs tiendrait en ces quelques mots :
« Une entreprise responsable et rationnelle ne peut que reposer sur des collaborateurs formés, rigoureux, confiants, soucieux de respecter les stratégies établies afin d’atteindre les objectifs fixés. Le haut niveau de développement des connaissances, aptitudes et des capacités de tout joueur d’échecs est en ce sens d’un parallélisme patent dans cette volonté de réussir !».
Orazio Puglisi