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Ananda Kentish Coomaraswamy (Ānanda Kentish Kumārasvāmī) est un historien de l’art et métaphysicien srilankais représentatif de l’école pérennialiste, né le 22 août 1877 à Colombo et mort le 9 septembre 1947 à Needham (Massachusetts, États-Unis). Spécialiste de l’art indien et cingalais ainsi que de l’hindouisme et du bouddhisme, il a publié des ouvrages théoriques fondamentaux sur ces sujets. Ce faisant, il a contribué à la découverte et à la compréhension de la culture indienne par le monde occidental, aussi bien sur les plans historique, artistique, philosophique que symbolique.
Polyglotte, érudit du pali et du sanskrit, Coomaraswamy est un homme aux multiples facettes : géologue et botaniste de formation, écrivain, critique social, conservateur de musée, collectionneur d’art, et surtout métaphysicien, comme il souhaitait que l’on se souvienne de lui avant tout1.
Ananda Coomaraswamy est né à Colombo le 22 août 1877, fils de Sir Muthu Coomaraswamy, juriste et philosophe tamoul srilankais, et d’Elizabeth Beeby, anglaise de naissance. Orphelin de père en 1879, alors qu’il n’était âgé que de deux ans, sa mère décide qu’il recevra une éducation européenne, en Angleterre. Ainsi passe-t-il toute son enfance loin de sa terre natale.
En 1889, à l’âge de douze ans, il est admis au Wycliffe College, une école préparatoire située à Stroud, dans le Gloucestershire. Onze ans plus tard, soit en 1901, il est diplômé en géologie et botanique à l’University College de Londres.
Le 19 juin 1902, il épouse Ethel Mary Partridge, une photographe anglaise. Ils se rendent à Ceylan où il commence des recherches en minéralogie, dans le cadre d’un doctorat. En 1906, ses travaux sont couronnés de succès et il est diplômé Docteur ès sciences. La Commission Géologique de Ceylan est ensuite créée et il en devient le premier dirigeant2.
Parallèlement, le couple travaille en collaboration sur un ouvrage consacré à l’art médiéval singhalais, lui se chargeant de la rédaction des textes, elle, des illustrations photographiques. C’est durant cette période qu’il commence à nourrir un certain ressentiment vis-à-vis de la culture occidentale3.
Mais le couple divorce en 19134. Coomaraswamy fait ensuite la connaissance d’une chanteuse anglaise, qui interprète des chants indiens sous le nom de scène Ratan Devi. Ils se marient et ont deux enfants, un garçon et une fille, Narada et Robini. La petite famille s’installe aux États-Unis en 1917, où Coomaraswamy est nommé conservateur au musée des Beaux-Arts à Boston. Mais il est bientôt frappé par deux deuils successifs : son fils est tué dans un accident d’avion et sa femme, déjà affaiblie par la maladie, décède peu après.
En novembre 1922, il célèbre son troisième mariage, avec une artiste américaine nommée Stella Bloch, de 20 ans sa cadette. Durant les années 1920, le couple vit simultanément dans deux mondes différents : d’un côté ils mènent une vie de bohème, côtoient le milieu artistique new-yorkais et se lient d’amitié avec le photographe Alfred Stieglitz (1864-1946) ; de l’autre, Coomaraswamy étudie le sanskrit et le pâli, afin d’approfondir sa connaissance des textes sacrés indiens et les comparer aux textes sacrés occidentaux. En outre, trouvant aussi le temps d’écrire, il rédige des notices et des catalogues pour le musée de Boston et publie également deux ouvrages intitulés L’Histoire de l’Inde et L’Art Indonésien, parus en 1927.
En 1930, ils divorcent mais conservent des liens d’amitié. En novembre de la même année, Coomaraswamy se remarie avec Luisa Runstein, une photographe argentine, sa cadette de 28 ans, dont le pseudonyme professionnel est Xlata Llamas. Ils ont un fils, Rama Ponnambalam Coomaraswamy, lequel deviendra par la suite un éminent chirurgien et un auteur catholique traditionaliste.
En 1933, il est nommé membre du département de recherche en arts indien, perse et islamique du Musée de Boston. Il poursuit son activité de conservateur jusqu’à sa mort, survenue à Needham, Massachusetts, le 9 septembre 1947.
Aujourd’hui, il est considéré comme un historien de l’art fondamental[Par qui ?]. Par ailleurs, il a contribué à la découverte des arts orientaux par les Occidentaux. Grâce à lui, les collections en art perse des musées Freer, de Washington, et des Beaux-Arts de Boston se sont enrichies.
Dans un premier temps, Ananda Coomaraswamy se distingue par ses nombreuses études sur l’histoire de l’art bouddhiste et hindou. Par la suite, il élargit sa réflexion dans le sens du pérennialisme, faisant de l’hindouisme et du bouddhisme les rameaux d’une même tradition primordiale.
Sa contribution à la connaissance des arts, de la littérature et de la pensée religieuse orientales est considérable. Dès son retour à Ceylan, en 1902, s’inspirant de la pensée de William Morris en matière d’arts décoratifs, il fut le premier à se consacrer à l’étude du patrimoine culturel de l’artisanat cinghalais, secondé par son épouse.
Élargissant son champ d’investigation jusqu’en Inde voisine, où il se sentait près de ses racines, il fit partie du cercle artistique qui gravitait autour du poète Rabindranath Tagore (1861-1941), prix Nobel de littérature en 1913. Il était aussi proche de certains militants du mouvement Swadeshi, concept d’autarcie économique appelant à un boycott des produits britanniques, qui luttait pour l’indépendance de l’Inde.
Dans le domaine de ses recherches sur le plan culturel, il fit, durant les années 1920, des découvertes majeures en histoire de l’art Indien, en établissant une distinction entre les peintures Rajput et Moghole. Aujourd’hui encore, son livre Rajput Painting reste l’ouvrage de référence des étudiants, des amateurs et des spécialistes du sujet. Dans le même temps, il rassembla un nombre important de peintures de ces deux écoles, dont il fit par la suite don au musée des Beaux-Arts de Boston lorsqu’il y fut engagé en qualité de conservateur en 1917.
Durant l’année 1932, il produisit deux types d’écrits : d’une part des documents relevant du domaine de la conservation (brochures, notices…); d’autre part, une double introduction aux arts et à la culture indiens, à travers une série d’essais rassemblés sous le titre La Danse de Çiva (The Danse of Shiva), et qui sont régulièrement réédités.
À partir de 1932 et jusqu’à sa mort en 1947, son approche spirituelle évolua considérablement, entraînant un changement profond de sa personnalité. Fortement influencé par les écrits du métaphysicien René Guénon, avec lequel il entretint des relations suivies, il fut l’un des fondateurs de ce qu’on appellera plus tard l’« école pérennialiste » ou « traditionaliste ».
Ses ouvrages, traitant d’art, de culture, de symbolisme, de métaphysique, de mythes et de folklore, proposent une piste de réflexion très riche. Il fut tout à la fois orientaliste, médiéviste, helléniste, latiniste. Il s’efforça de démontrer que la « Tradition primordiale » est la source commune de toutes les religions et traditions, d’Orient comme d’Occident.
Pour se définir lui-même, il disait: « En fait, je pense tout à la fois comme un Asiatique et un Judéo-Chrétien, en sanskrit, en pâli, en perse, en chinois, en grec et latin »5.
Parallèlement à cette œuvre féconde, réservée à un lectorat restreint, il produisit également des écrits à caractère polémique destinés à un public plus large (par exemple la série d’essais regroupés sous le titre Why exhibit Works of Arts ?, qui furent publiés en 1943.
L’étude approfondie du symbolisme et de la métaphysique a conduit Ananda Coomaraswamy – en complément à sa connaissance pénétrante du patrimoine spirituel de l’Orient – à étudier de près les écrits de Platon, Plotin, saint Augustin, Thomas d’Aquin, Maître Eckhart et les autres mystiques rhénans, ainsi que bien d’autres philosophes, docteurs de l’Église, mystiques et métaphysiciens occidentaux.
Quand on lui demandait de se définir lui-même, il disait être « un métaphysicien », faisant par là référence à son intérêt pour la philosophia perennis. Il est considéré comme l’un des fondateurs du courant pérennialiste, au même titre que René Guénon et Frithjof Schuon.
Plusieurs articles posthumes de Coomaraswamy furent publiés dans la revue trimestrielle de langue anglaise Studies in Comparative Religions.
En tant que chercheur, Coomaraswamy s’est toujours conformé aux usages académiques en matière de sources, contrairement à René Guénon, dont la démarche était différente. Néanmoins, les deux œuvres sont complémentaires.
Hindou par son père et Européen par sa mère, ses travaux démontrent qu’il avait naturellement intégré leurs deux modes de pensée. Il a défendu l’idée que le Vedânta et le platonisme relevaient l’un et l’autre d’une seule et même origine.
Il a également contribué à une réhabilitation du bouddhisme originel, particulièrement aux yeux de René Guénon, qui jusqu’alors le considérait comme une école spirituelle hétérodoxe ayant dévié de l’hindouisme, du fait d’une révolte de la caste des kshatriyas contre celle des brahmanes. Ses travaux ont démontré qu’il n’en était rien, que l’hindouisme et le bouddhisme étaient l’un et l’autre issus de la même source principielle.
Ananda Coomaraswamy n’a cessé d’œuvrer dans le sens d’un rapprochement intellectuel et spirituel entre l’Orient et l’Occident, étant convaincu de l’unité transcendante des religions.
Plusieurs auteurs, dont le sociologue français Armand Mattelart (né en 1936) dans son Histoire de la société de l’information, mentionnent Ananda Coomaraswamy comme l’introducteur, dès 1913, du terme « post-industriel »6,7,8. De fait, le vocable apparait en 1914 dans le titre d’un recueil co-publié à Londres par Coomaraswamy et Arthur Penty, Essays in Post-Industrialism: A Symposium of Prophecy concerning the Future of Society ; en 1922, Penty reprend le sujet dans un ouvrage intitulé Post-Industrialism, où il crédite explicitement Coomaraswamy (p. 14) de l’invention du mot9. Chez le penseur ceylanais, ce néologisme exprime l’espoir d’une société décentralisée, renouant avec la diversité culturelle, par opposition à la centralisation et à l’uniformisation imputées à la civilisation industrielle ; il réapparait dans les années 1960, dans un contexte intellectuel différent6.
Le professeur de philosophie et anarchiste anglais John Moore (1957-2002), un des théoriciens de l’anarchisme moderne, présente Coomaraswamy, dans son anthologie inachevée I am not a Man, I am Dynamite ! Friedrich Nietzsche and the Anarchist Tradition, comme « un critique d’art indien ayant su combiner : l’esprit individualiste épris de renouveau spirituel d’un Nietzsche et la vision anarchiste d’un Kropotkine (1842-1921) avec les idéaux religieux asiatiques, afin d’exprimer son opposition à la colonisation britannique et aussi à l’industrialisation »10.
L’indianiste et celtologue allemand Heinrich Zimmer (1890-1943) parle d’Ananda Coomaraswamy comme de « ce noble érudit qui nous porte sur ses épaules »11.
Les écrits de Ananda Coomaraswamy sont très nombreux, et ont été rédigés en anglais12. De nombreuses traductions en français sont disponibles. Le plus souvent, il s’agit de regroupements d’essais, ayant paru séparément à l’origine. De ce fait, le titre en français peut ne pas être l’exacte traduction du titre de la première parution en anglais.
A.K Coomaraswamy et I.B. Horner (Traduit de l’anglais par J. Buhot) La Pensée du BOUDDHA. Couverture de l’édition originale en français. Éditions CORRÊA. Paris. 15 avril 1949.
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