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La Révolution culturelle en Chine

La révolution culturelle (en chinois : 文革, pinyin : wéngé), ou grande révolution culturelle prolétarienne (无产阶级文化大革命, wúchǎn jiējí wénhuà dàgémìng), plus couramment la grande révolution culturelle (文化大革命 wénhuà dàgémìng), (1966-1976), représente l’un des événements marquants de l’histoire de la république populaire de Chine, dont le retentissement international est considérable.

En 1966Mao Zedong décide de lancer la révolution culturelle afin de consolider son pouvoir en s’appuyant sur la jeunesse et les étudiants du pays. La révolution a été lancée avec l’aide du groupe de la révolution culturelle. Le dirigeant souhaite purger le Parti communiste chinois (PCC) de ses éléments « révisionnistes » et limiter les pouvoirs de la bureaucratie. Les « gardes rouges », groupes de jeunes Chinois inspirés par les principes du Petit Livre rouge, deviennent le bras actif de cette révolution culturelle. Ils remettent en cause toute hiérarchie, notamment la hiérarchie du PCC alors en poste. L’expression politique s’est libérée par le canal des « dazibao », affiches placardées par lesquelles s’expriment les jeunes révoltés. Des modérés comme Liu ShaoqiZhou Enlai et Deng Xiaoping sont publiquement pris à partie. La période de chaos qui s’ensuit mène la Chine au bord de la guerre civile, avant que la situation ne soit peu à peu reprise en main par l’Armée populaire de libération qui mène une féroce répression contre le mouvement des gardes rouges. Des membres des « cinq catégories noires » ont été largement persécutés et même tués. Cette agitation permet à Mao de reprendre le contrôle de l’État et du parti communiste. Très peu de temps après sa mort en , les principaux responsables de ce retentissant chaos, la célèbre bande des Quatre, dont l’épouse de Mao, Jiang Qing, sont arrêtés, jugés et lourdement condamnés.

Pendant la révolution culturelle, des dizaines de millions de personnes ont été persécutées, avec un nombre estimé de morts allant de centaines de milliers à 20 millions1,2,3,4,5,6,7. Certains auteurs, comme le sinologue Jean-Luc Domenach, ou l’historien Stéphane Courtois dans l’ouvrage collectif Le Livre noir du communisme, estiment le nombre de morts à plusieurs millions. À partir de l’Août rouge de Pékin, des massacres ont lieu à plusieurs endroits, notamment le massacre de Guangxi (un cannibalisme massif s’est produit), de Mongolie-Intérieurede Guangdong, de cas d’espionnage de Zhao Jianminde Daoxian et de Shadian8. L’effondrement du barrage de Banqiao, l’une des plus grandes catastrophes technologiques du monde, a également eu lieu pendant la révolution culturelle9,10,11. Les intellectuels, de même que les cadres du parti, sont publiquement humiliés, les mandarins et les élites bafoués, les valeurs culturelles chinoises traditionnelles et certaines valeurs occidentales sont dénoncées au nom de la lutte contre les « Quatre Vieilleries ». Le volet « culturel » de cette révolution tient en particulier à éradiquer les valeurs traditionnelles. C’est ainsi que des milliers de sculptures et de temples (bouddhistes pour la plupart) sont détruits.

En 1978, Deng Xiaoping est devenu le nouveau chef suprême de la Chine et a progressivement démantelé les politiques maoïstes associées à la révolution culturelle en lançant le programme « Boluan Fanzheng ». Deng a commencé une nouvelle phase de la Chine en lançant le programme historique de réformes et d’ouverture. En 1981, le Parti communiste chinois a déclaré que la révolution culturelle était « responsable du revers le plus grave et des pertes les plus lourdes subies par le Parti, le pays et le peuple depuis la fondation de la république populaire de Chine. »12.

 

Pendant la révolution culturelle, des massacres ont eu lieu à travers la Chine, notamment le massacre de Guangxi (avec cannibalisme massif), la purge de Mongolie-Intérieure, le massacre de Guangdong, le cas d’espionnage de Zhao Jianmin, le massacre de Daoxian, le massacre de Shadian, et le massacre de Pékin (août rouge). Les universitaires chinois ont estimé qu’au moins 300 000 personnes sont mortes dans ces massacres72,81,82.

Ces massacres étaient principalement dirigés par les branches locales du Parti communiste, les agences gouvernementales, les milices et même les militaires. La plupart des victimes des massacres étaient des membres des « cinq catégories noires » ainsi que leurs enfants et des membres d’organisations antigouvernementales83. Les massacres dans le Guangxi et le Guangdong ont été parmi les plus graves. Dans le Guangxi, les documents officiels d’au moins 43 comtés ont enregistré des massacres locaux, 15 d’entre eux enregistrant un nombre de morts supérieur à 1 000; dans le Guangdong, au moins 28 comtés signalent des massacres locaux, 6 d’entre eux faisant plus de 1 000 morts84.

  • Le cannibalisme a été pratiqué dans certains endroits en Chine durant le massacre de Guangxi. C’est notamment le cas au Guangxi, mais aussi dans le Sud du Hunan. Le cas du Guangxi a été documenté par l’écrivain chinois Zheng Yi, lors d’une enquête menée dans cette province en 1986 et 1988 sur des événements survenus en 196885. Le résultat de cette investigation publié sous le titre de Stèles rouges : du totalitarisme au cannibalisme86 est accablant pour les autorités locales, qui ont laissé faire87. Zheng Yi décrit des scènes de cannibalisme et affirme qu’au moins 10 000 personnes sont tuées et mangées durant cette période88. Ce nombre est à mettre en relation avec les 100 000 morts estimées au total dans le Guangxi89,90.
  • Dans la région autonome de Mongolie-Intérieure, une campagne massive d’« extirpation » d’un hypothétique « parti mongol » indépendantiste et clandestin, parti qui aurait été dirigé par Ulanhu, a donné lieu à une immense purge entre  et . Selon les statistiques officielles ultérieures, 340 000 personnes ont été arrêtées, 16 222 tuées. Les chiffres fournis par les victimes font état de plus de 50 000 morts91. Si les autorités ont attribué par la suite, dans un rapport officiel datant de 1980, la responsabilité de ces événements à Lin BiaoKang Sheng et la bande des Quatre, les véritables responsables, dirigeant le « comité révolutionnaire de Mongolie-intérieure », ont en réalité agi à l’initiative du gouvernement central et ensuite bénéficié de la protection du gouvernement de Deng Xiaoping92,93.
  • Le massacre de Shadian a eu lieu en 1975 dans le village de Shadian, commune de Jijie, district de Mengzi, au Yunnan. L’Armée populaire de libération, chargée de la « pacification » bombarde le village avant d’y pénétrer, en tirant sur les habitants. Il n’existe pas de chiffres certains du nombre de tués, estimés cependant à un millier94,95.

Affrontements entre factions et purges politiques

Séance de lutte de Sampho Tsewang Rigzin du Tibet.

Les affrontements entre factions, ou « Wudou (en) », étaient des conflits entre factions (principalement parmi les gardes rouges) qui ont commencé à Shanghai et se sont ensuite étendus à d’autres régions de la Chine. Il a amené le pays à l’état de guerre civile83,96. Les armes utilisées dans les conflits armés comprenaient quelque 18,77 millions (certains disent 1,877 million97) d’armes à feu, 2,72 millions de grenades, 14 828 canons, des millions d’autres munitions et même des voitures blindées et des chars83. Les chercheurs ont souligné que le nombre de morts dans les « Wudou » variait de 300 000 à 500 000, tandis que certains documents du Parti communiste chinois ont révélé que 237 000 personnes avaient été tuées72,83,98. En outre, plus de 7 030 000 personnes ont été blessées ou même paralysées à vie98.

De plus, des millions de personnes en Chine ont été violemment persécutées, en particulier lors des « séances de lutte ». Certaines personnes n’ont pas pu supporter la torture et se sont suicidées par la suite. Les chercheurs ont souligné qu’au moins 100 000 à 200 000 personnes se sont suicidées au début de la révolution culturelle70,72.

Dans le même temps, plusieurs purges politiques massives ont également eu lieu. De 1968 à 1969, le « nettoyage des rangs de classe (en) » a eu lieu, qui a entraîné la mort d’au moins 500 000 personnes83,99. D’autres purges politiques massives se sont poursuivies dans les années 1970.

  • Lors de ces purges, dans le « cas d’espionnage de Zhao Jianmin » du Yunnan, par exemple, plus de 1,387 million de personnes ont été impliquées et persécutées, ce qui représentait à l’époque 6 % de la population totale du Yunnan; de 1968 à 1969, plus de 17 000 personnes sont mortes dans les massacres tandis que 61 000 personnes sont devenues infirmes à vie83,100.
  • En , les gardes rouges, principalement tibétains, issus de certaines universités de Pékin, arrivent au Tibet. Combinant souvent leur travail révolutionnaire à des séjours dans leur famille, ils propagèrent la révolution culturelle aux villages et herbages de tout le plateau tibétain101,102. Le journaliste Pierre-Antoine Donnet affirme que dès 1966, les gardes rouges détruisirent de façon systématique, méthodique, calculée, planifiée et totale la civilisation tibétaine103. Selon l’écrivain chinois Wang Lixiong, les autorités au Tibet ont souvent essayé de réfréner les actions radicales, ainsi l’armée populaire de libération a systématiquement soutenu les factions les plus conservatrices contre les rebelles. Les temples et les monastères ont survécu le mieux dans les zones et villes non périphériques où les autorités étaient encore en mesure de faire plus ou moins régner l’ordre104.

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